Face à Google, Overture rachète Altavista

Bien décidé à combattre Google à armes égales, Overture, spécialisé dans les liens sponsorisés, a annoncé mardi soir outre-Atlantique une opération d'envergure. La société basée à Pasadena en Californie va reprendre le moteur de recherche sur Internet Altavista pour 140 millions de dollars, dont 80 millions de dollars en actions et 60 millions de dollars en cash. Prévue pour être bouclée en avril prochain, l'opération aura un impact positif sur les résultats d'Overture à partir de la mi-2004."C'est une opération complémentaire. Altavista apporte à Overture sa présence auprès du grand public et Overture ses outils, comme le paiement au clic", affirme à latribune.fr Kevin Eyres, le vice-président d'Altavista. Pour l'instant, les deux sociétés travaillent à la fusion des deux entités, dont les détails sociaux ne sont pas communiqués.Pour Overture, pas question toutefois de se positionner sur le segment grand public. "L'acquisition d'Altavista nous permet de posséder notre propre site Internet et de tester auprès des utilisateurs la pertinence de nouveaux produits avant de les proposer à nos partenaires et à nos clients", explique Christophe Parcot, directeur général France de la société, qui assure que la société ne "prévoit pas du tout d'investir dans le développement de la marque Altavista". Ce qui a décidé Overture, c'est surtout le moteur de recherche conçu par Altavista. "Nous pourrons proposer à nos partenaires, dans le cadre d'offres intégrées, les liens sponsorisés et les résultats de la recherche algorythmique", argue Christophe Parcot. Pour l'instant, le principal service d'Overture consiste à proposer à ses annonceurs l'achat de mots-clefs leur permettant d'apparaître en tête de liste dans les moteurs de recherche et les grands portails Internet. Ce sont les fameux liens sponsorisés. Google, qui possède la même offre, commercialise en plus sa technologie de recherche sur le Web auprès des grands portails. En se dotant lui aussi de ce produit, Overture lance une nouvelle salve dans la compétition qui l'oppose à Google.Ce pas pourrait être décisif pour Overture. En effet Google, qui a connu un essor flamboyant, suscite de plus en plus l'ire des autres portails Internet. "Nos partenaires [les distributeurs tels que Wanadoo, ndlr] se rendent enfin compte que leur premier fournisseur de services est en fait leur principal concurrent", assure le directeur général d'Overture. De fait, Google joue actuellement sur deux tableaux: sa rémunération est à la fois fondée sur la fourniture de services à des grands portails ou sites d'audience (moteur de recherche et offre de liens sponsorisés) et sur le chiffre d'affaires généré par son propre site grand public. Sauf que ce dernier a peu à peu gagné des parts de marché sur des concurrents comme Yahoo!, pourtant client de Google."Si nous avons repris Altavista, c'est aussi pour répondre à une demande émanant de nos partenaires. Et aujourd'hui, ils sont ravis de voir qu'il y a un fournisseur de services uniquement tourné vers eux. D'ailleurs, pour l'instant en Europe, Google n'a trouvé aucun client pour son offre de liens sponsorisés", confirme Christophe Parcot. Il faut dire que sur le marché des liens sponsorisés, la guerre fait rage. Dernièrement, Overture a arraché à Google un contrat avec Wanadoo (lire ci-contre), après avoir signé avec Yahoo! outre-Atlantique. En mai dernier en revanche, Google lui avait ravi AOL. Cette guerre se joue d'ailleurs pour le plus grand bonheur des portails qui font monter les enchères: la rétribution perçue sur le chiffre d'affaires réalisée par les portails grâce à des fournisseurs de services tels qu'Overture ne cesse de croître...Une page se tourne pour AltavistaEn passant sous la coupe d'Overture, Altavista fait définitivement le deuil de redevenir un acteur fort du secteur. Pourtant, en novembre dernier, la star déchue du Web avait tenté un dernier coup en relançant au niveau mondial une version épurée de son site, dotée d'un moteur de recherche. But avoué: se poser en challenger de Google. Mais sur un marché déjà bien établi, le défi était visiblement difficile à relever pour une société chroniquement déficitaire. Pionnier sur Internet dans sa catégorie, le moteur de recherche, très vite dépassé par des Yahoo! ou des Lycos, n'a connu que rachat et restructuration ces sept dernières années. Passé de main en main, Altavista a fini dans l'escarcelle de CMGI, qui l'a repris en 1999 à Compaq pour 2,3 milliards de dollars.
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