Bull choisit l'indépendance

Le conseil d'administration de Bull a finalement tranché. Lors d'une conférence téléphonique, le groupe informatique à l'agonie a indiqué que le conseil avait "opté pour un placement privé ne donnant la majorité à aucun groupe d'investisseurs". Une façon pour le président de Bull Pierre Bonelli de "préserver l'indépendance du groupe". Il a ajouté que son groupe resterait une société cotée.Depuis ce matin, on savait que le conseil d'administration avait à choisir entre deux plans de recapitalisation. Le premier était la prise de contrôle par un fonds privé américain pour une cinquantaine de millions d'euros. Le second faisait participer à la recapitalisation des grandes sociétés, dont France Télécom et Axa, des cadres et des clients de l'ancien fleuron de la high-tech "made in France".C'est une solution de ce dernier type qui a été choisie. Bull ne sera donc pas bradé à des investisseurs venus d'Outre-Atlantique. Concrètement, le plan de recapitalisation prévoit une première augmentation de capital de 33 millions d'euros. Cette augmentation sera garantie par un groupe comprenant notamment France Télécom, Axa, NEC, Artémis (holding de la famille Pinault) et 350 managers du groupe informatique. Les porteurs d'obligations convertibles bénéficieront par ailleurs d'une autre augmentation de capital de 9 millions d'euros qui leur sera réservée. Parallèlement, la valeur des obligations convertibles de 204 millions d'euros et celle de la dette due à l'Etat français seront réduites de 90%. Ce dernier élément serait lié à une "clause de meilleure fortune", permettant à l'Etat de réclamer à nouveau ses créances lorsque la situation du groupe le permettra.Si l'opération réussit, le capital de Bull sera partagé entre le japonais NEC (entre 11% et 15%), deux importants clients, France Télécom et Debeka entre 14% et 19%, deux fonds d'investissements entre 10% et 13% et le management de Bull entre 6,5% et 8,5%. Le flottant en Bourse (porteurs d'Océane, anciens actionnaires) représentera entre 58,5% et 44,5%. La structure financière fera alors apparaître une situation nette proforma à la fin 2003 de 13 millions d'euros (contre une situation négative de 724 millions d'euros en l'absence de plan), et une situation de trésorerie nette améliorée de 44 millions d'euros. Reste à savoir si le plan pourra être mis en oeuvre. Car il se heurte à un double obstacle. Le plus difficile sera évidemment de faire avaler la couleuvre à Bruxelles. La Commission avait en effet déjà poussé des cris d'orfraies lorsque le groupe n'avait pu honorer fin juin sa dette de 450 millions d'euros due à l'Etat. Deuxième condition : l'accord des détenteurs d'obligations convertibles. Ces derniers devraient voir leurs titres changés en actions. Mais un membre du comité représentant ces porteurs d'Océane a d'ores et déjà repoussé les plans présentés au conseil d'administration, les considérant comme "spoliateurs". Patrice Pierron a affirmé que son comité avait déposé un plan considéré comme "le seul viable". Sans l'accord de ces porteurs d'Océane, le plan adopté cet après-midi risque donc de rester lettre morte.L'action Bull a été suspendue jeudi matin. Sa cotation devrait reprendre vendredi.
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