Bruxelles prêt à accepter la reprise d'Editis par Lagardère

Face à la pression de Bruxelles sur le dossier Editis, Arnaud Lagardère a cédé. Il s'est dit prêt mercredi à ne conserver que 40% du groupe d'édition en termes de chiffre d'affaires. En termes de marques, le groupe gardera quelques pépites de l'ex-VUP, à savoir Larousse, Armand Colin, Dunod, Dalloz et Anaya, le "Nathan" espagnol. Autrement dit, il cèdera des marques telles que Nathan, Bordas, Le Robert, Robert Laffont, Pocket, etc... Surtout, l'homme d'affaires accepte de se séparer de la plate-forme de distribution Interforum, de Malesherbes, propriété d'Editis. C'est en particulier dans la distribution qu'achoppaient les discussions, Lagardère possédant déjà sa propre plate-forme via Hachette Livre à Maurepas. Jusque là, le groupe d'édition français n'envisageait que la mise en vente du centre de distribution d'Ivry. Il assurait ainsi que les solutions proposées faisaient passer sa part de marché dans la distribution de 50 à 39%, tandis que la Commission européenne estimait qu'il y a position dominante à partir de 40%. En tout cas, Bruxelles semble avoir été intransigeant sur ce point.Si Lagardère a fini par se conformer aux exigences de la Commission, c'est qu'il veut vite en finir avec ce dossier. Pour lui, il s'agit d'un "très bon accord pour le groupe Lagardère". Il espère que le feu vert de Bruxelles "ne va pas tarder" et devrait être bientôt satisfait. Dans la foulée, le commissaire européen à la Concurrence, Mario Monti, a fait savoir son "intention de proposer" à Bruxelles d'autoriser le rachat partiel d'Editis. "Il y avait un risque que le périmètre précédent soit rejeté et je ne pouvais faire prendre aux actionnaires le risque d'une interdiction" par la Commission européenne, a admis Arnaud Lagardère. Les solutions proposées par le groupe d'édition lui permettent quand même de devenir "leader dans le secteur professionnel et l'encyclopédie", a-t-il assuré.Quant aux cessions, elles vont "nous ramener soit du cash, soit des actifs. C'est la meilleure décision que nous avons prise", a-t-il souligné. Reste maintenant à trouver des acquéreurs, qui fassent une offre sans que le groupe n'y perde. Lagardère avait annoncé le rachat d'Editis en octobre 2002, pour 1,25 milliard d'euros. Obtenir un prix de vente satisfaisant constitue maintenant le principal défi du groupe. Si aucune estimation n'a pour l'instant filtré, des candidats se sont fait connaître. Media Participation, qui chapeaute Dargaud, Fleurus, Mango et Rustica, s'est montré intéressé et aurait les faveurs de l'Elysée et de Matignon. Autre prétendant potentiel: l'italien RSC Media Group, propriétaire de Flammarion. Mais des fonds d'investissements tels que Wendel pourraient également faire des propositions.En Bourse, les investisseurs s'inquiètent, de fait, des conditions de revente de ses actifs excédentaires par Lagardère. Après avoir sensiblement baissé en séance, le titre cède 0,64%, à 46,74 euros, à la clôture.Dans les milieux professionnels de l'édition, en revanche, la perspective d'une telle issue est bien accueillie. Ainsi, Jean-Marie Sevestre, ancien président du Syndicat de la libraire française (SLF) et actuel membre du directoire du syndicat, qui s'était vivement opposé au projet initial de reprise d'Editis par Lagardère, s'est félicité de cet accord, estimant que la Commission européenne "a joué son rôle", alors que "Lagardère et le gouvernement ont foncé tête baissée sans réfléchir" dans cette affaire. Jean-Marie Sevestre se réjouit tout particulièrement de voir Lagardère "se séparer du centre de distribution de Malesherbes". Selon lui, en effet, "c'est dans la distribution que les éditeurs gagnent beaucoup d'argent. Pour nous, ceux qui dictent les conditions de vente, ce sont finalement les distributeurs et, de moins en moins, les éditeurs". Satisfaction, également, au ministère de la Culture et de la Communication, où Jean-Jacques Aillagon "s'est réjoui" mercredi dans un communiqué de la solution envisagée, qui évite "le démantèlement d'Editis". En outre, souligne-t-il, la formule prévue va donner à Hachette "des perspectives nouvelles de développement dans le domaine des références et de l'universitaire, ainsi qu'à l'étranger", ce qui en fera "un grand groupe français de dimension internationale".
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.