Le ministre et le lobby

Francis Mer doit trancher. La Poste pourra-t-elle se lancer dans la distribution de produits financiers, à savoir des contrats d'assurance dommages et du crédit à la consommation ? Le sujet est au coeur des négociations sur le contrat de plan de l'établissement public qui doit se réformer en profondeur, un rapport sénatorial vient de le rappeler. Or, pour remplir dans les meilleures conditions ses obligations de service public, la Poste doit dégager de nouvelles ressources. Et les possibilités ne sont pas infinies. Comme d'autres pays, la France pourrait donc se doter d'une "banque postale". A première vue, cette perspective n'a rien de bien inquiétant. Sauf pour les banquiers et les assureurs qui voient bien évidemment émerger cette concurrence nouvelle d'un mauvais oeil. La Poste a beau avancer que le développement de ses services financiers se fera dans le cadre de partenariats, les grands réseaux bancaires ne peuvent que redouter la force de frappe que représente le réseau de la Poste, sans équivalent sur le territoire. La Poste aura fort à faire pour faire entendre ses arguments à Bercy. Car il se trouve que, à deux reprises déjà, le ministre de l'Economie et des Finances Francis Mer a cédé aux amicales pression du lobby bancaire. La première fois en rayant d'un trait de plume l'instauration des conventions de compte qui devaient préciser les relations entre une banque et ses clients. Il a suffi d'une visite de Michel Pébereau, président de la Fédération bancaire française, pour que le ministre décide que cette mesure était décidément bien trop lourde. La seconde fois nous ramène au moment où le même Francis Mer a décidé que le CECEI devait seul être compétent en matière de concurrence bancaire. On sait ce qu'en a pensé le Conseil d'Etat.Face aux banques, vent debout contre la naissance d'une banque postale, Francis Mer va-t-il arbitrer en faveur d'un établissement dont on sait bien qu'il ne pourra assurer son développement en s'appuyant sur la seule distribution du courrier ou des colis? Ou au contraire va-t-il céder aux sirènes des banques qui mettent en avant les risques qu'une telle décision ferait peser sur la concurrence ? Tout juste peut-on formuler deux observations. Jusqu'à présent, le fait que l'on puisse ouvrir un CCP dans un bureau de Poste ou y souscrire un contrat d'assurance-vie n'a pas mis à mal le système bancaire français. Et ce dernier n'a jamais apprécié de voir se développer une trop forte concurrence. D'où qu'elle vienne. A vous de jouer, monsieur le Ministre...
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