Alstom est peut-être sauvé dans l'immédiat, mais la visibilité sur l'avenir du groupe n'est pas pour autant au rendez-vous. Ce mardi, la Bourse témoigne de la désorientation des investisseurs. Dans un premier temps, c'est le soulagement qui a prévalu: à la reprise de cotation, le titre gagnait 7,53%, à 3 euros. L'action avait été suspendue mercredi dernier, sur une chute de 8,52%, à 2,79 euros. Mais très vite, le scepticisme a repris le dessus. Vingt minutes plus tard, l'action Alstom replongeait, tombant un moment jusqu'à 2,40 euros, en chute de près de 14%. En fin de séance, elle cède 10,39%, à 2,50 euros...Autant dire que les investisseurs ne sont pas convaincus, au lendemain de l'annonce d'un accord sur le plan de refinancement du groupe, arraché de haute lutte après d'intenses négociations avec la Commission européenne, l'Etat français et les banques créancières. L'assemblée générale des actionnaires d'Alstom devra encore se prononcer sur le plan. Sa réunion, qui avait été initialement fixée au 24 septembre, est désormais prévue pour le 18 novembre prochain.D'un montant total de 3,2 milliards d'euros - 1,2 milliard de fonds propres, 500 millions d'euros de prêts à long terme et 1,5 milliard d'euros de prêts à moyen terme - ce plan a finalement été approuvé dans la soirée de lundi par l'ensemble des 32 banques du groupe, certains établissements étrangers s'étant longtemps fait prier. Selon le ministre des Finances Francis Mer, qui intervenait mardi matin sur Europe 1, la conversion en actions des titres émis par Alstom pourrait intervenir aux environs de Pâques prochain, après autorisation de la Commission.Reste que la mise en place du plan de sauvetage ne règle en rien les problèmes fondamentaux du groupe en matière de niveau d'activité et de commandes, ce qui peut justifier le scepticisme des boursiers. Comme l'a affirmé Patrick Kron, le PDG d'Alstom, dans une conférence de presse tenue lundi soir, "la période qui s'achève aujourd'hui a été difficile car elle a affecté notre activité en entretenant le doute sur notre avenir, ce qui a évidemment été préjudiciable à notre performance commerciale et pèsera sur nos résultats".Du coup, le groupe s'attend à afficher des pertes en 2003 et aussi en 2004, a-t-il précisé. Au titre de son premier semestre 2003-2004 (à fin septembre), le groupe prévoit une perte de 500 millions d'euros, du fait notamment de coûts financiers et de restructuration "plus élevés" que prévu. Sur la période, la marge opérationnelle devrait être "légèrement supérieure à 1%".Rétablir la santé financière d'Astom va donc prendre du temps. Selon Patrick Kron, le groupe "retrouvera une situation financière qui commencera à être plus normale" d'ici 2005-2006. La priorité pour Alstom va être désormais de profiter de la consolidation de sa structure financière pour convaincre les clients de revenir. Car pour l'heure, la situation demeure très inquiétante. Le groupe ne prévoit un niveau de prises de commandes que d'environ 7 milliards d'euros pour le premier semestre 2003/2004, en baisse d'environ 25% par rapport au premier semestre de l'exercice précédent. Le groupe doit par ailleurs poursuivre la redéfinition de ses contours. Comme l'a souligné le ministre des Finances Francis Mer, ce matin sur Europe 1, il faudra "probablement qu'Alstom se restructure"... Concrètement, Patrick Kron a précisé lundi soir que les discussions sur la cession de la division Transmission et Distribution au groupe public nucléaire Areva sont "en phase finale" et devraient s'achever début 2004. Selon Alstom, le montant total des actifs cédés au 31 mars 2004 devrait, "compte tenu des incertitudes de calendrier", se situer "aux environs de 2,7 milliards d'euros". Le PDG du groupe a également assuré qu'Alstom est prêt à participer à une restructuration des chantiers navals en Europe, jugeant "qu'à terme, il est nécessaire qu'une rationalisation des chantiers navals européens intervienne".

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:45

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