Raffarin assure qu'aucune décision n'est arrêtée sur l'EPR

Cafouillage ou stratégie délibérée du gouvernement pour tester les réactions de l'opinion sur le nucléaire ? Quelle que soit la réponse à cette question, la stratégie de communication des pouvoirs publics autour de l'EPR laisse songeur. Hier (lire ci-contre), la ministre de l'Industrie prenait de court tous les spécialistes du dossier en annonçant qu'elle allait recommander au Premier ministre de "choisir" le réacteur de troisième génération, l'EPR (European Pressurisation Reactor), pour assurer la relève des centrales existantes. L'annonce a déclenché un tollé des adversaires du nucléaire et a surpris les industriels concernés qui n'attendaient pas de décision avant le début de l'année prochaine.Mais cet après-midi, Matignon calme le jeu. Dans un communiqué, le Premier ministre indique que certes Nicole Fontaine était "dans son rôle de propositions", mais qu' "aucune décision n'est arrêtée" concernant le choix du réacteur nucléaire de troisième génération. Jean-Pierre Raffarin précise que le "gouvernement proposera dans les prochaines semaines, sous forme d'un avant-projet de loi d'orientation, un livre blanc sur l'ensemble de la politique énergétique et ses évolutions à venir. Il sera soumis à une très large consultation publique", souligne le Premier ministre. Selon lui, "si la place de l'énergie nucléaire sera bien évidemment évoquée" dans l'avant-projet de loi d'orientation, "le gouvernement entend par ailleurs proposer une politique volontariste de maîtrise de la demande (économies d'énergie) et une place renforcée pour les énergies renouvelables". Afin de justifier sa recommandation, Nicole Fontaine avait indiqué que "l'EPR, fruit de la coopération franco-allemande, a des avantages incontestables. Il est moderne et beaucoup plus sûr, dix fois plus que les centrales nucléaires actuelles". "Il est plus compétitif de 10% par rapport aux centrales nucléaires actuelles, donc il va permettre de diminuer le prix de l'électricité" et il produit "moins de déchets radioactifs que le nucléaire actuel", a souligné la ministre. A gauche, socialistes et écologistes se sont fortement élevés contre le choix de Nicole Fontaine mais ils ne sont pas les seuls. Certaines personnalités plutôt proches de la majorité actuelle se font également entendre. Ainsi de Nicolas Hulot, conseiller officieux du président Chirac sur l'environnement, pour qui "il est urgent de ne pas se presser". Quant à Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, elle dénonce "l'absence de débat démocratique" qui a présidé à la prise de position de Nicole Fontaine et considère que "la technologie EPR est d'ores et déjà obsolète et que son coût est élevé".
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