Le projet de Constitution européenne relancé par la victoire des socialistes espagnols

Dès lundi, José Luis Zapatero, le futur Premier ministre espagnol, avait donné le ton. Tranchant avec les propos très durs du chef du gouvernement sortant, le nouvel homme fort de Madrid avait annoncé sa volonté de voir s'accélérer les travaux de la Constitution européenne.L'attitude plus accommodante de José Luis Zapatero n'a pas échappé au tandem Chirac-Schröder. Les deux hommes, qui se rencontraient aujourd'hui à Paris, ont saisi l'occasion qui leur était ainsi donnée de relancer un processus qui semblait enlisé depuis l'échec du sommet européen de Bruxelles en décembre dernier. "Vous connaissez les positions de l'Allemagne et de la France en faveur de la mise en oeuvre aussi rapidement que possible et aussi proche que possible du texte de la convention de la réforme des institutions et de la nouvelle constitution", a dit Jacques Chirac lors d'un point de presse commun avec Gerhard Schröder. "Nous pensons que le plus tôt sera le mieux et nous faisons confiance à la présidence irlandaise pour trouver les solutions les mieux adaptées", a dit le président français, ajoutant que, "en toute hypothèse cette réforme devra être achevée avant la fin de l'année 2004". Un tel volontarisme devrait satisfaire Bertie Ahern. Dans une tribune publiée par le Financial Times, le Premier ministre irlandais avait appelé ses collègues européens à fixer une date butoir marquant la fin des négociations. "Un accord rapide (ndlr, sur la Constitution) est possible si nous avons le courage collectif de fixer une date pour conclure les négociations", estime Bertie Ahern. "L'ingrédient politique nécessaire, c'est la volonté politique", rappelle-t-il en appelant ses collègues des 25 futurs Etats membres de l'UE à accepter des compromis.Précisément, l'Espagne, qui achève de clore le chapitre Aznar, paraît disposée à faire certaines concessions pour permettre l'adoption au plus vite de cette Constitution européenne. L'Espagnol Enrique Baron Crespo, le patron des socialistes au Parlement européen, l'a confirmé à latribune.fr: "nous sommes prêts à écouter les propositions de la présidence irlandaise car nous pensons possible une avancée en matière de majorité au conseil des ministres", estime-t-il. Enrique Baron Crespo se dit d'accord avec le principe de la double majorité mais se refuse à évoquer le moindre chiffre, laissant la parole aux futurs dirigeants espagnols. A l'heure actuelle, le système de vote envisagé par le texte issu de la Convention prévoit que les décisions seront prises au conseil des ministres par la moitié des Etats représentant 60% de la population. Ce dispositif a été constamment rejeté par Madrid et Varsovie, qui lui préféraient le système choisi lors du sommet de Nice: celui-ci confère à l'Espagne et à la Pologne un poids quasi équivalent à ceux de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et de l'Italie.Pas question néanmoins pour le futur gouvernement espagnol d'accepter une telle concession sans contrepartie. Enrique Baron Crespo juge qu'en compensation il faudrait que l'Espagne "récupère une partie des députés perdus" lors de la négociation du Traité de Nice. On le voit, il existe donc des marges de discussion, avec en toile de fond un consensus qui se dégage sur la nécessité d'agir "au plus vite", comme le souligne également le patron des socialistes espagnols au Parlement européen. Ce sentiment d'urgence résulte peut-être du choc provoqué par les attentats du 11 mars à Madrid. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, a hier exprimé l'espoir que les Etats membres réaliseront, après ce massacre qui a fait 201 morts, qu'une Constitution "peut être considérée comme un instrument indispensable pour la lutte unie contre le terrorisme". Et de ce point de vue, ajoute Enrique Baron Crespo, "l'Espagne a une autorité politique pour faire des propositions en matière de sécurité intérieure et de justice".
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