La Grande-Bretagne relève ses prévisions de déficit

La Grande-Bretagne va continuer à devoir emprunter massivement pour boucler son budget. Selon les chiffres publiés aujourd'hui par le Chancelier de l'Echiquier Gordon Brown dans le cadre de la présentation du budget pour l'année fiscale 2004/2005 (qui commence le 1er avril prochain), le besoin d'emprunt des finances publiques britanniques s'élèvera sur cette période à 33 milliards de livres (47,1 milliards d'euros). Un chiffre qui fait suite aux montants records empruntés en 2003/2004, qui se sont élevés à 37,5 milliards de livres, soit 3,4% du PIB. Le Premier ministre Tony Blair et son ministre des Finances Gordon Brown ont beau être les champions de la rigueur budgétaire, les finances publiques du Royaume-Uni enregistrent un dérapage certain par rapport à leurs prévisions. L'exercice fiscal qui se termine aura ainsi été marqué par une plongée dans le rouge qui entraîne le déficit public britannique nettement au-delà du plafond de 3% du PIB prévu dans le Pacte de Stabilité européen (que la Grande-Bretagne est censée respecter, même s'il n'a pas pour elle de caractère contraignant, contrairement aux pays de la zone euro).De plus, le rétablissement des comptes sera moins rapide qu'initialement prévu. Alors que Londres prévoyait en décembre dernier que ses emprunts pour 2004/2005 s'élèveraient à 31 milliards de livres, Gordon Brown a donc relevé aujourd'hui sa prévision à 33 milliards. De même, pour l'exercice suivant, le besoin d'emprunt est relevé de 30 à 31 milliards de livres.En dépit d'un contexte macro-économique plutôt enviable - avec une croissance du PIB de 2,3% l'année dernière - le gouvernement britannique est en effet confronté à des besoins financiers considérables. Avec d'une part des dépenses courantes importantes liées entre autres à la guerre en Irak, et d'autre part des exigences d'investissement dans les services publics, santé et éducation notamment. Besoins qui seront au coeur des élections générales qui se tiendront probablement dans un an.Face à ces besoins de financement, le gouvernement de Tony Blair est tenu par les règles qu'il s'est données, à savoir que, sur l'ensemble d'un cycle économique, les emprunts ne peuvent correspondre qu'au financement des investissements de l'Etat, et non pas de ses besoins courants. Reste que les efforts à accomplir pour redresser les comptes vont s'effectuer au détriment des investissements qui étaient envisagés. Pour 2004/2005, les investissements de l'Etat vont en effet s'établir à 22 milliards de livres, au lieu des 23 milliards prévus jusqu'ici. A l'inverse, le déficit des dépenses courantes passera de 8 à 11 milliards de livres. Le besoin de réduire les dépenses quotidiennes de l'Etat britannique amène d'ailleurs Gordon Brown à décider des mesures radicales. Le Chancelier a ainsi annoncé aujourd'hui la restructuration de certains des plus gros services de l'Etat. Les impôts d'une part et les douanes d'autre part seront fusionnés. Avec à la clé 10.500 suppressions d'emplois d'ici à 2008. Mieux encore : le ministère du Travail et des Retraites va voir ses effectifs passer, sur la même période, de 130.000 personnes à 100.000... Et, toujours pour réduire les dépenses courantes, 20.000 fonctionnaires seront délocalisés hors de Londres, pour profiter de coûts de la vie nettement inférieurs à ceux de la capitale.Fût-ce au prix de telles mesures brutales, Gordon Brown entend bien respecter sa règle d'or de budgets équilibrés, hors investissements, sur l'ensemble d'un cycle économique, d'ici la fin du cycle actuel, prévue par les économistes pour 2006. Il devrait être aidé en cela par un contexte économique favorable. Selon les projections publiées aujourd'hui par le Trésor britannique, la croissance de l'économie devrait s'élever cette année entre 3 et 3,5%, tout comme en 2005. Une décrue est ensuite prévue, entre 2,5 et 3% en 2006. Simultanément, l'inflation devrait demeurer sous contrôle, avec 1,75% en 2004 et 2% les deux années suivantes.L'adoption de l'euro pas envisagée avant l'année prochaineLe gouvernement ne réexaminera pas l'éventualité d'une adoption de l'euro par la Grande-Bretagne cette année, a précisé Gordon Brown. Mais les cinq critères de convergence, préalables à l'organisation d'un référendum sur l'adoption de la monnaie unique, seront réexaminés l'an prochain. En juin dernier, le gouvernement avait estimé que ces cinq tests de convergence n'étaient pas complètement respectés, ce qui interdisait l'organisation d'un référendum.
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