"L'analyse de la BCE laisse perplexe"

latribune.fr - La Banque centrale européenne (BCE) a choisi de laisser inchangé son principal taux directeur et ne paraît pas décidée à assouplir sa politique monétaire à court terme. Qu'en pensez-vous?Florence Béranger - Si la décision était anticipée, j'ai été en revanche surprise par la tonalité du discours de Jean-Claude Trichet (ndlr, président de la BCE), en particulier sur la croissance. Je pensais qu'il aurait été moins optimiste, altéré en quelque sorte par les derniers indicateurs économiques. Or, il n'en est rien. D'une part, Jean-Claude Trichet dit toujours compter sur un rebond des exportations, et d'autre part il voit une amélioration de l'investissement en raison de l'augmentation de la profitabilité des entreprises et des conditions favorables de financement. Or, sur ces deux points l'analyse de la Banque centrale européenne laisse perplexe.Vous avez donc un diagnostic différent?Les derniers chiffres des commandes à l'exportation montrent bien que celles-ci ont souffert de l'appréciation de l'euro. Et ce n'est pas le repli observé ces derniers jours qui va changer cette donne. Par ailleurs, contrairement à la BCE, nous estimons que les entreprises ne vont pas reprendre le chemin de l'investissement. Les gains de productivité sont proches de zéro et sur le marché du crédit les banques de la zone euro envisagent de durcir les conditions d'accès à des financements. Dans ces conditions, nous ne pouvons partager l'opinion de la BCE qui dit attendre une amélioration progressive de la consommation cette année. Pour moi, même si la décélération de l'inflation apporte un peu de pouvoir d'achat supplémentaire aux ménages, cela ne sera pas suffisant pour dynamiser les dépenses, d'autant que les consommateurs n'ont pas toujours le "ressenti" de cet assagissement des prix. De surcroît, je ne pense pas, contrairement là encore à la BCE, qu'on enregistrera une amélioration de l'emploi susceptible de relancer la consommation. Les entreprises n'en ont pas fini avec les ajustements.Comment expliquez-vous l'optimisme affiché par la BCE?J'ai deux hypothèses. Soit la BCE s'accroche à un scénario classique de reprise, et ce alors même qu'on est dans un cycle atypique puisque le regain de demande ne profite pas à la production, soit, soucieuse de maintenir la confiance des acteurs économiques et leurs anticipations, elle privilégie un scénario volontairement optimiste. Cependant, il est quand même étonnant que dans son discours, Jean-Claude Trichet ne fasse mention d'aucun risque, notamment sur les changes. Pour notre part, nous estimons que la BCE sera obligée de réduire ses taux d'intérêt de 50 points de base en septembre prochain. A cet égard, les réflexions du président de la Banque centrale n'ont d'autre utilité que de répondre à ceux qui critiquent son immobilisme. L'inflation devrait effectivement remonter pour avoisiner 1,8%, c'est à dire en deçà de la limite maximale des 2%.
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