Attentats meurtriers en Espagne à trois jours des législatives

L'Espagne, qui s'apprête à refermer le chapitre des huit années de pouvoir de José Maria Aznar, est frappée au coeur par une vague d'attentats sans précédent. Ce matin à Madrid, une série de quatre explosions visant des trains dans la capitale espagnole a fait 186 morts et plus de 1.000 blessés, selon les informations divulguées par les autorités espagnoles vers 16 heures. Le ministre de l'Intérieur Angel Acebes a précisé que 13 bombes ont été utilisées, dont trois ont été heureusement déclenchées par les artificiers de la police espagnole. Il s'agit des attentats les plus meurtriers commis à Madrid depuis le rétablissement de la démocratie en 1975.Immédiatement après ces événements sanglants, le porte-parole du gouvernement a attribué la responsabilité de ces attentats à l'ETA. L'organisation séparatiste basque, qualifiée de "bande criminelle et assassine" a été accusée par Eduardo Zaplana d'avoir perpétré un "assassinat collectif contre la démocratie espagnole". Cette version a été corroborée par le ministre de l'Intérieur. Lors d'une conférence de presse, Angel Acebes a assuré qu'en "ce moment, les forces de sécurité de l'Etat et le ministère de l'Intérieur n'ont aucun doute que le responsable de cet attentat est l'organisation terroriste ETA". Et d'ajouter que selon lui, on assiste à "un processus d'intoxication commencé par M. Otegi (NDLR: porte-parole de la formation interdite Batasuna, bras politique de l'ETA) de manière misérable pour détourner l'attention". Tout en condamnant l'attentat, le porte-parole de Batasuna avait écarté l'idée que l'ETA puisse être à l'origine de la quadruple action terroriste et avancé l'hypothèse d'attentats islamistes. S'exprimant en début d'après-midi, José Maria Aznar a affirmé que les Espagnols parviendront "à en finir avec la bande terroriste". Sans jamais citer directement l'ETA, le chef du gouvernement espagnol a lancé qu'il n'y a "pas de négociation possible avec ces assassins, c'est seulement avec la fermeté que nous pourrons arriver à ce que ces attentats cessent. Nous n'allons pas changer de régime, ni parce que les terroristes tuent, ni pour qu'ils arrêtent de tuer", a-t-il ajouté. Réuni en cellule de crise, le gouvernement a annoncé trois jours de deuil national. La quasi-totalité des partis politiques espagnols, Parti populaire (PP) et Parti socialiste (PSOE) en tête, ont annoncé la suspension de la campagne pour les élections législatives de dimanche. La campagne "est terminée", a affirmé le candidat à la présidence du gouvernement du Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) Mariano Rajoy. "Ces attentats massifs ont plongé la démocratie dans le deuil", a ainsi commenté le successeur désigné de José Maria Aznar. Quant au chef de l'opposition socialiste, José Luis Rodríguez Zapatero, il a également annoncé que sa formation avait suspendu ses activités de campagne, tout en lançant un appel aux Espagnols pour qu'ils se rendent de façon massive dimanche aux urnes.L'émotion est évidemment à son comble en Espagne. D'ores et déjà, le gouvernement a demandé à tous les Espagnols de se rassembler demain soir afin de marquer leur condamnation des attentats sur le thème "Aux côtés des victimes, avec la Constitution, pour l'élimination du terrorisme". La communauté des municipalités de Madrid a de son côté appelé les habitants à se rassembler à 13 heures aujourd'hui pendant cinq minutes devant les 179 mairies de la communauté.Ces attentats interviennent donc au terme d'une campagne électorale qui a vu le Parti populaire de José Maria Aznar faire de l'unité de l'Espagne son thème favori, diabolisant tous les nationalismes périphériques, des Basques aux Catalans aux velléités centrifuges, voire indépendantistes. Avant même ces attentats - et plus encore après - la victoire du PP semblait acquise. Le principal enjeu du scrutin porte sur la capacité du parti de droite à conserver la majorité absolue obtenue lors des élections de mars 2000, soit au moins 176 sièges de députés. Le succès programmé du Parti populaire a été bâti sur le bilan économique des deux législatures Aznar caractérisées par une amélioration des finances publiques, une croissance, certes largement financée par l'Union européenne, restée dynamique (+2,4% en 2003) malgré le ralentissement mondial et une place grandissante de l'Espagne dans le concert des nations suite à son soutien inconditionnel à l'offensive américaine contre l'Irak après les attentats du 11 septembre.Les marchés financiers européens avaient initialement choisi d'ignorer ces attentats, jeudi matin, même s'ils s'inscrivaient tous en baisse suite à la chute de Wall Street la veille. Mais en milieu de journée, la possibilité - même très hypothétique - d'une implication d'Al-Qaïda dans les attentats les a fait fortement réagir. Vers 14h30, la Bourse française chutait de 2,88% et l'allemande de plus de 3,61%, soit plus encore que la place madrilène, en baisse de 2,39%.
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