La BCE reste sourde aux appels en faveur d'une baisse des taux

Les marchés ne se faisaient guère d'illusions, ils n'ont donc pas été déçus. A une écrasante majorité de 29 sur 30, les économistes sondés dans le cadre du panel AFP-AFX anticipaient un statu quo à l'issue du Conseil de politique monétaire de la Banque centrale européenne et c'est effectivement le choix qui a prévalu. Le taux directeur de la BCE reste inchangé à 2%, niveau qui est le sien depuis le mois de juin dernier. Dans le même temps, la Banque d'Angleterre a également maintenu son taux directeur inchangé à 4%.L'institut de Francfort résiste donc aux pressions des gouvernements français et allemand. Ces derniers n'ont eu de cesse de réclamer un assouplissement de la politique monétaire dans la zone euro afin de soutenir la reprise. Le reflux de l'inflation à 1,6% en février, le repli de certains indicateurs liés à l'activité en Allemagne (IFO et Zew) et une demande atone en raison de la mauvaise orientation du marché du travail (le taux de chômage outre-Rhin est passé à 10,3% en février) sont autant d'arguments que les partisans d'une baisse des taux n'ont cessé d'avancer pour tenter de convaincre la BCE de réduire le loyer de l'argent. En vain.Cet immobilisme n'est cependant pas surprenant dans la mesure où la BCE, jalouse de son indépendance, n'aime pas se voir dicter ses décisions. Ensuite, comme le soulignent les économistes de CIC Marchés, la Banque Centrale Européenne "est traditionnellement plus réactive que pro-active", elle préfère sans doute attendre d'avoir confirmation des récentes évolutions plutôt que d'agir trop tôt. Enfin, la récente baisse de l'euro a quelque peu allégé la pression qui pesait sur la BCE. En effet après avoir touché un plus haut historique le 18 février, la devise européenne s'est considérablement repliée depuis, tombant même hier sous 1,21 dollar, un plus bas de trois mois. Peu avant 18 heures jeudi, un euro s'échangeait 1,2223 dollar.Pour l'instant, rien ne dit que la Banque centrale européenne envisage de changer de position. Lors de la traditionnelle conférence de presse qui suit le conseil de politique monétaire, le président de la BCE s'est fendu d'une mise en garde quant à l'évolution des prix. Jean-Claude Trichet estime en effet que "les taux d'inflation pourraient bien remonter légèrement au deuxième trimestre 2004". Des propos qui évidemment réduisent quasi à néant les espoirs caressés par certains d'une prochaine baisse des taux. C'est d'autant plus vrai que dans la foulée, le président de la BCE se montre plutôt optimiste quant à la conjoncture. "Notre scénario principal de la poursuite d'une reprise graduelle en 2004 et 2005 reste valide", souligne-t-il, tout en reconnaissant qu'il y a "des incertitudes liées à la consommation privée dans la zone euro et aux déséquilibres persistants dans certaines régions du monde". Rien de bien nouveau, donc, dans la grisaille de Francfort, la BCE ne varie pas dans son approche de la situation économique de la zone euro. Ceux qui réclamaient avec virulence une baisse des taux en sont pour leur frais et feraient peut-être mieux, à l'avenir, de se taire, sauf à vouloir braquer un peu plus la Banque centrale européenne. Son président s'est montré très clair à ce sujet en déclarant que son institution "ne se laisserait influencer d'aucune façon sur les taux d'intérêt". Un message qui n'est apparemment pas parvenu au chancelier allemand Gerhard Schröder. Aussitôt après l'annonce de l'institut d'émission, celui-ci a affirmé: "je dois accepter la décision de la BCE et je le fais". Mais, a-t-il aussitôt ajouté, "je n'ai pas changé d'avis" sur la nécessité d'une baisse des taux de la BCE...
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