Le recul de l'inflation européenne renforce les perspectives de baisse des taux de la BCE

C'est un repli sensible de l'inflation dans la zone euro qui a été observé ce mois-ci. Selon l'estimation provisoire publiée aujourd'hui par l'Office européen des statistiques Eurostat, celle-ci est tombée à 1,6% en février, contre 1,9% en janvier. Une baisse dont la signification est importante: en faisant tomber l'inflation très nettement en dessous de l'objectif maximum de 2% retenu par la Banque Centrale Européenne, ce ralentissement pourrait ouvrir la porte à une diminution des taux d'intérêt de la BCE. Attendu, le repli de l'inflation de la zone euro en février est de fait très marqué. Lié directement à la montée de l'euro face au dollar, qui réduit d'autant le prix des produits importés, il permet de ramener l'inflation estimée à son plus bas niveau depuis novembre 1999.L'inflation de janvier ayant été revue à la baisse à 1,9% (contre 2% précédemment estimés et 2% en décembre dernier), la hausse des prix dans la zone est donc installée sous la barre des 2% depuis le début de l'année. Cette évolution est loin d'être anecdotique, dans la mesure où elle ouvre des marges de manoeuvre nouvelles à la BCE en matière de taux d'intérêt. La Banque centrale, on le sait, considère comme un objectif prioritaire de lutter contre l'inflation en Europe. Pour elle, le plafond à ne pas dépasser en la matière est fixé à 2%. Et c'est bien au nom de la lutte contre d'éventuels regains de tensions inflationnistes que la BCE a jusqu'ici toujours écarté les appels en faveur d'une réduction de ses taux d'intérêt.Dès lors qu'il serait établi que la hausse des prix dans la zone euro est durablement installée sous la barre des 2%, c'est donc un sérieux argument contre la baisse des taux qui tomberait. Et par ailleurs, les raisons de souhaiter un assouplissement de la politique monétaire ne manquent pas. La croissance européenne demeure faible, et très inférieure à celle des Etats-Unis. Et l'envolée de l'euro face au dollar commence à faire sentir durement ses effets sur les entreprises européennes, dont les produits sont de moins en moins compétitifs sur les marchés internationaux. Ce qui suscite de vives inquiétudes chez les responsables politiques des pays européens quant à la situation de l'emploi.D'où la multiplication des appels lancés à la BCE pour qu'elle consente à réduire ses taux. Cette semaine, c'est le chancelier allemand Gerhard Schröder qui a frappé très fort en exhortant la Banque à "réfléchir" sur les conséquences d'un euro surévalué. Une initiative qui a reçu le soutien immédiat de Jean-Pierre Raffarin et qui a conduit à un sérieux repli de l'euro face au dollar: la monnaie unique est tombée de mercredi à jeudi de plus de 1,27 à moins de 1,25 dollar. Le mouvement s'est poursuivi d'ailleurs vendredi dans la matinée, avec un nouveau repli faisant tomber l'euro jusqu'à 1,2372 dollar. Après une baisse aussi rapide, une petite reprise était malgré tout observée en fin d'après-midi, autour de 1,244 dollar. Les marchés veulent croire, en effet, que la BCE pourrait décider d'une baisse de ses taux d'intérêt dès sa prochaine réunion, le 4 mars. Il n'en demeure pas moins qu'une telle initiative, qui mettrait fin au statu quo observé par la BCE depuis qu'elle a fixé son taux directeur à 2% en juin dernier, est loin d'être acquise. D'importantes divergences sur la question semblent persister entre les responsables de la Banque centrale, qui peuvent considérer que deux mois d'inflation sous la barre des 2% ne suffisent pas à justifier d'un changement de politique et qui détestent, de toutes façons, être soumis à pressions publiques de la part des dirigeants politiques.Et pour bien montrer que la BCE n'entend pas se laisser dicter sa politique, l'un des membres de son conseil des gouverneurs, le Grec Nicholas Garganas, a affirmé ce matin dans une interview à la presse allemande que le niveau actuel des taux est "approprié pour la situation" et qu'il importe de "rester calme" au sujet de la parité euro/dollar... Bref, la BCE pourrait bien décider la semaine prochaine qu'il est, une fois de plus, urgent d'attendre.
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