La reprise allemande menacée par l'euro fort

"Un petit signal d'alarme pour la reprise économique": c'est avec ces mots que l'institut Ifo présente la baisse de 1,1 point de son indice du climat des affaires en Allemagne pour le mois de février. L'indice se situe désormais à 96,4, en deçà des attentes des économistes, qui, selon CDC-Ixis, s'attendaient en moyenne à 97,6. Cet indice mesure pour la première fois le climat des affaires dans l'ensemble de l'Allemagne réunifiée. Jusqu'ici l'Ifo ne prenait en compte que les chefs d'entreprise de l'ex-Allemagne de l'Ouest.Ce recul est en grande partie dû au sous-indice des attentes, qui jauge les perspectives des chefs d'entreprises pour l'année qui vient. Ce sous-indice, qui avait en fin d'année dernière soutenu la hausse de l'indice, est en recul de 2,5 points en février. Une baisse qui, selon Guilhem Savry, économiste chez CDC-Ixis, s'explique par le rebond de l'euro face au dollar. Une appréciation qui, évidemment, a créé des inquiétudes dans les milieux industriels dont l'activité repose essentiellement sur la demande externe, notamment américaine. En revanche, le sous-indice mesurant la situation actuelle est stable à 92,6 en février contre 92,5 en janvier. "Ce chiffre confirme que la reprise sera lente", conclut Guilhem Savry. Il n'en reste pas moins que l'Ifo a bien du mal à cacher son inquiétude face à cette première détérioration du climat des affaires en dix mois. Ainsi, malgré sa résistance, le sous-indice de la situation actuelle est jugé à un niveau "encore insatisfaisant". En fait, cet indice, encore une fois, montre que, faute de demande interne, la première économie européenne reste encore trop sensible au moindre choc externe.Cette baisse de l'indice Ifo, qui n'est d'ailleurs pas isolée en Europe puisque le climat des affaires a également reculé aux Pays-Bas, en Italie et en Belgique, a donné l'occasion au gouvernement allemand de tancer une nouvelle fois la BCE. Dans un point presse, le ministre de l'Economie Wolgang Clement a indiqué que la baisse de l'indice des attentes est une "invitation claire pour la BCE à porter la plus grande attention aux conséquences de sa politique monétaire". En clair, la politique de taux de la BCE est encore trop rigide et met en danger la croissance en favorisant l'euro. De quoi faire encore bouillir Jean-Claude Trichet, défenseur acharné de l'indépendance de la banque centrale.
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