Ce que change un pétrole cher

L'hiver est pourtant (presque) terminé. Beaucoup doutent que l'OPEP soit capable de tenir son engagement de réduire d'un million de barils par jour sa production à compter du début du mois prochain. Mais la crise politique qui se prolonge au Venezuela (le cinquième producteur mondial) entretient la nervosité ambiante, la faiblesse des stocks américains inquiète et cette agitation attire les fonds spéculatifs qui ont rarement été aussi massivements présents sur le marché du pétrole.Facteur aggravant : la reprise mondiale. On attend cette année une croissance supérieure à 4% à l'échelle de la planète. Or, selon Robert Caruso, qui dirige l'Agence Internationale de l'Energie (IEA), 2,5% seulement de la capacité mondiale de production sont inutilisés aujourd'hui.L'IEA fera connaître ses dernières prévisions ce matin. Il est fort possible qu'elle parie, comme la plupart des experts, que les cours resteront élevés dans les mois qui viennent.Que change ce pétrole cher? Beaucoup de choses. Il sert les producteurs dont les coûts sont plus élevés que ceux du Golfe, c'est notamment le cas de la Russie. Il pousse les plus importants consommateurs à sécuriser et diversifier leurs approvisionnements.L'un et l'autre peuvent d'ailleurs se rejoindre. La Chine et le Japon viennent de signer un contrat de plusieurs milliards de dollars avec la Russie pour acheminer du pétrole depuis la Sibérie. Tokyo a de surcroît bravé de manière très étonnante les pressions diplomatiques américaines pour signer un autre contrat avec l'Iran. Pendant ce temps, la Chine prospecte activement en Afrique. Le président Hu Jintao s'est rendu lui-même au Gabon et en Algérie le mois dernier.Le pétrole cher, c'est aussi pour les producteurs moyen-orientaux une arme pour contrer la chute du dollar, car l'OPEP exporte intégralement en dollars, mais importe pour plus de 60% dans d'autres monnaies, principalement en euros. Dans le contexte actuel, le cartel a toutes les raisons de maintenir des prix élevés, même au détriment de sa part de marché (un peu moins de 40% de la production mondiale aujourd'hui).Protégée par son "euro fort", l'Europe, jusqu'à présent, peut s'offrir le luxe d'une relative indifférence (depuis la fin 2001, le cours du brut a doublé et le dollar a perdu environ 50% de sa valeur vis à vis de la monnaie unique). Elle peut même laisser dire que sa devise serait peut-être une meilleure monnaie de facturation pour l'or noir.Enfin, si des cours aussi élevés sont aussi un moyen de "punir" les Etats-Unis, premier consommateur mondial, certains responsables des pays producteurs avouent en privé que l'idée n'est pas pour leur déplaire...
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