Les Espagnols punissent le gouvernement Aznar

Les socialistes espagnols ont remporté hier une victoire aussi large qu'inattendue. Le PSOE a en effet gagné les élections législatives avec 42,64% des voix, un record dans la démocratie espagnole, et 164 sièges de députés soit douze de moins que la majorité absolue, mais 39 de plus qu'en 2000. Les conservateurs du gouvernement sortant de José Maria Aznar ont obtenu 37,64% des suffrages et 148 sièges. La défaite du Parti populaire (PP) résulte vraisemblablement de la forte mobilisation des électeurs. Le taux de participation s'est établi à 77,21% soit 8,5 points de plus que lors des législatives de mars 2000. Ce matin, l'ensemble de la presse espagnole souligne "le retournement historique" provoqué par le choc du massacre de jeudi. Ce drame, revendiqué à deux reprises au nom de Al-Qaïda, a fait resurgir le spectre de la guerre d'Irak, soutenue voici un an par José Maria Aznar mais contre laquelle s'était opposé 91% de l'opinion publique espagnole. La manière dont l'équipe sortante a géré l'enquête sur ces attentats qui ont fait 200 morts a sans doute contribué au renversement de tendance qui a mené à la victoire socialiste. Le gouvernement a été critiqué pour avoir longtemps privilégié la piste de l'organisation indépendantiste basque ETA, en dépit des indices convergents sur la responsabilité présumée de réseaux islamistes.Immédiatement après l'annonce du succès du PSOE, José Luis Zapatero, chef de file des socialistes et futur Premier ministre, s'est adressé aux familles des personnes tuées ou blessées dans les attentats et a demandé une minute de silence à la mémoire des victimes. "Les Espagnols ont voulu un gouvernement de changement. Je m'engage à faire un changement tranquille, à gouverner pour tous", a-t-il ajouté. Et ce matin, il annonce que les 1.300 soldats espagnols engagés en Irak vont rentrer s'il n'y a pas de nouveauté d'ici au 30 juin, date prévue pour le transfert de souveraineté aux Irakiens. Le nouvel homme fort de L'Espagne a également fait part de son intention "d'accélérer dès que possible (l'adoption de) la constitution européenne", jusqu'ici bloquée notamment par les réticences de Madrid et Varsovie. Pour ce qui est de l'enquête sur les attentats de Madrid, la presse espagnole relaie des informations selon lesquelles les forces de sécurité du pays estiment que ces attaques ont été perpétrées par des membres du groupe islamiste auteur des attentats de Casablanca (Maroc) le 16 mai 2003. Quarante-cinq personnes avaient trouvé la mort lors de 16 attentats simultanés.L'hypothèse que les actes commis à Madrid aient un lien avec le terrorisme islamiste, avec en arrière-plan la nébuleuse Ben Laden, suscite de nombreuses inquiétudes en Europe. La reprise économique naissante apparaît menacée (lire ci-contre) et sur les marchés financiers, le doute s'empare des investisseurs. A la Bourse de Madrid, L'Ibex abandonne 4,15% en clôture. A Paris, le CAC 40 cède 2,40%. L'Euro Stoxx 50 recule pour sa part de 2,75%.
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