"L'effet 11 septembre semble complètement effacé"

latribune.fr: Sur les quatre trimestres écoulés, comment jugez-vous la situation des transporteurs aériens?Nick van den Brul: Sur la première partie de la période (mars à septembre 2003), les résultats ont été très mauvais pour toutes les grandes compagnies, à cause des craintes liées au SRAS et au déclenchement de la guerre en Irak. Le trafic a été très réduit jusqu'au mois de juin, ce qui a plombé les résultats. Sur la seconde partie, en revanche, le trafic a progressé de 20 à 40 % en moyenne, avec la quasi-disparition des facteurs SRAS et Irak. La reprise économique très sensible dans certains pays a par ailleurs entraîné une hausse du nombre de passagers, à la fois loisirs et affaires.Quelles sont les perspectives du secteur pour les mois à venir?Le trafic, soutenu par la reprise économique mondiale, devrait continuer à augmenter, sur un rythme de 2 à 3% sur un an. Ce redressement concerne notoirement l'activité long-courrier vers l'Asie, le Moyen-Orient et l'Amérique Latine. L'effet 11 septembre semble complètement effacé. On pourrait revenir, cet été, à un trafic comparable à celui de l'an 2000, c'est à dire avant la crise économique et les attentats. Ce sont surtout les vols long-courrier qui vont faire la différence. La clientèle affaires, extrêmement rentable, devrait encore augmenter. Celle-ci est fortement stimulée par la progression des échanges et des investissements. Quant à l'activité court et moyen-courrier, elle continuera à bénéficier de la hausse des dépenses dédiées aux loisirs. Les gens partent moins longtemps, mais plus souvent. Pour les compagnies aériennes, c'est très positif.N'y a-t-il pas tout de même des aspects inquiétants, comme la hausse du prix du pétrole?Le pétrole représente environ 12 à 13% des charges d'une compagnie aérienne. Si les prix restent aux niveaux actuels, certaines compagnies vont compenser ce surcoût. Les charges de personnel, qui comptent pour 28 à 29% des dépenses, sont aussi très problématiques, notamment pour les grandes compagnies américaines, très affectées par la concurrence des low-cost. Certaines ont déjà commencé à stabiliser ou à réduire leur masse salariale, et ce phénomène devrait se poursuivre. C'est une question de survie pour ces entreprises.Les low-cost peuvent-elles provoquer la mort d'une grande compagnie?Aux Etats-Unis, les low-cost se sont jetées sur le marché intercontinental, très rentable et synonyme à lui seul de 80% du trafic des transporteurs américains. Les compagnies classiques n'ont plus le choix. Pour rétablir leur compétitivité, elles doivent s'attaquer aux salaires excessifs qui ont été négociés dans les années 90.En Europe, le problème est différent, car les activités long-courrier et court/moyen courrier sont à parts égales. Il n'y a quasiment pas de concurrence à bas prix sur le long-courrier. Sur le court-courrier, les compagnies traditionnelles doivent réorienter leurs réseaux vers les destinations les plus rentables: celles empruntées par la clientèle affaires. La ligne Paris-Toulouse, pourtant exploitée par les low-cost, reste une manne pour Air France.Quelles valeurs privilégiez-vous?Sans aucun doute les spécialistes du long courrier. Donc en priorité Air France, KLM et Lufthansa. Un peu plus loin, British Airways, qui a cependant retrouvé une valorisation correcte. Ces compagnies vont continuer à bénéficier largement de la progression du trafic. De plus, chacune a entrepris, ou va bientôt entreprendre, un programme de réduction des coûts. L'horizon leur est prometteur.
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