Bolloré fait flamber Ingenico

La spéculation fait rage sur le titre Ingenico, depuis que Vincent Bolloré s'est invité dans le capital du fabricant d'appareils de paiement électronique sécurisé. Le titre a bondi ce matin, gagnant jusqu'à 5% à 15,25 euros, dans des volumes près de 2,5 fois supérieurs à ceux d'hier. A la clôture, l'action a gagné 3,79%, à 15,07 euros. Sur un an, l'action a gagné quelque 78%.L'émoi des marchés est d'autant plus grand que l'homme d'affaires breton a déclaré ce matin détenir 10,15% du capital du groupe français, coté sur le Premier marché de Paris. Jusqu'ici, Vincent Bolloré (qui agit via une de ses filiales, La Financière du Loch) ne détenait que 8,74% des actions. Il semble ainsi accélérer le mouvement, alors qu'il n'a fait son entrée dans le capital du groupe qu'au début du mois de juin. Cependant, il reste difficile de connaître les véritables intentions de Vincent Bolloré. De fait, la spéculation pourrait jouer sur une OPA sur Ingenico, ou alors tout aussi bien retomber comme un soufflé, s'il s'avère que l'industriel raider n'a dans l'idée que de faire un "coup" boursier. En tout état de cause, dans l'entourage de l'investisseur breton, on se refuse à tout commentaire. De fait, il faudra attendre la fin de la semaine pour en savoir plus sur les intentions précises de Vincent Bolloré: ce dernier sera alors dans l'obligation de publier un avis d'intention auprès de l'AMF. Début juin, Bolloré avait cependant laissé entendre qu'il s'agissait davantage d'un investissement financier qu'industriel. Le groupe Ingenico fait figure de proie facile pour l'homme d'affaires. Avec un large flottant de 64%, la société est le théâtre de conflits internes, liés à des divergences d'opinions entre la famille fondatrice (qui détient 10% du capital) et le président du groupe Jean-Marie Descarpentries, qui a démissionné de ses fonctions en mai dernier. L'ancien patron de Bull aurait eu des ambitions de croissance externe qui n'étaient pas du goût des actionnaires familiaux.Outre les mésententes internes, qui ne sont pas pour déplaire à Vincent Bolloré, Ingenico est aussi une société de grande valeur industrielle. Car malgré un trou d'air début 2003, le numéro un mondial des systèmes de transaction et de paiement sécurisés a confirmé son retour à la croissance au second semestre 2003, avec une progression de 21% de son chiffre d'affaires par rapport au premier semestre de la même année. Le second semestre 2003 a également marqué le retour à la profitabilité de la société, même si sur l'ensemble de l'année, le résultat net est resté largement négatif, en raison du fort retard pris au premier semestre (la perte nette sur les six premiers mois 2003 était de 23,1 millions d'euros)."Ingenico est une société qui génère du cash-flow et qui est faiblement valorisée en Bourse", commente Didier Roman, gérant chez Tocqueville Finance. "Avec un investissement d'environ 45 millions d'euros, Vincent Bolloré est devenu le premier actionnaire du groupe", ajoute le spécialiste."Cette opération répond certainement à une logique de complémentarité technologique avec la filiale IER du groupe Bolloré, dédiée aux enregistrement de billets dans les aéroports", ajoute pour sa part Jan Kujawa, gérant à la Financière de l'Echiquier.Quoi qu'il en soit, il y a fort à parier que la spéculation ne dégonflera pas sur Ingenico, en attendant la déclaration d'intention de Vincent Bolloré. Et pour cause: l'intrusion de l'investisseur dans le capital d'une société est rarement sans effet positif sur son cours. Ainsi, Vincent Bolloré, qui avait marqué les esprits avec son entrée en fanfare dans le capital de Bouygues à la fin des années quatre-vingt-dix, est aussi entré, il y a deux ans dans le capital de Vallourec. Le titre du spécialiste des tubes sans soudure a pris environ 60% depuis la première prise de participation de Bolloré, fin 2002."Le profil d'Ingenico ressemble beaucoup à celui de Vallourec", analyse Didier Roman. "Vincent Bolloré avait d'abord choisi d'entrer dans Vallourec dans une optique purement financière. Aujourd'hui, il détient 20% du capital et siège au conseil", conclut-il.Car il est vrai que Vincent Bolloré se targue d'être un industriel avant d'être un "raider". Certes, dans ce dernier registre, il s'est illustré par de nombreuses opérations comme, voici quatre ans, avec Rue Impériale de Lyon, au sein de la galaxie Lazard. Une opération qui s'est terminée par son retrait, négocié en échange d'une plus-value de 1,9 milliard d'euros... Mais aujourd'hui, Vincent Bolloré semble davantage chercher à renouveller ses actifs et réorienter ses participations dans des métiers industriels. D'autant qu'il s'est récemment désengagé de ses plantations de Malaisies, pour 150 millions d'euros.
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