L'AMF brandit son bilan pour se faire respecter

Les délinquants de la Bourse n'ont qu'à bien se tenir. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a dévoilé ce matin ses premières actions pour lutter contre les dérives du marché. Se félicitant de l'efficacité et de la rapidité de mise en place de l'AMF, Michel Prada, son président, a souligné le niveau d'activités soutenu du nouveau gendarme de la Bourse pour ses sept premiers mois d'existence, c'est à dire du 24 novembre 2003, date de sa création, au 11 juin 2004. C'est que, malgré son jeune âge, l'AMF n'a pas chômé. Depuis sa création, elle a en effet ouvert 43 enquêtes. L'organe a aussi effectué 54 contrôles sur place des prestataires de services d'investissement et ouvert 44 procédures de sanction. L'AMF a en outre publié 5 sanctions concernant 10 personnes physiques ou morales. Autres mesures mises en place par l'AMF : la publication sur son site Internet de la liste des sociétés qui publient leurs comptes avec retard, ou encore l'exigence de rectificatifs publics auprès des sociétés afin d'éviter le recours abusif aux termes comptables considérés comme flous, comme Ebitda et free cash-flow.A n'en pas douter, l'AMF cherche à se faire respecter en tant que nouveau garant de la bonne conduite sur les marchés financiers. Toutefois, elle a encore du pain sur la planche. "La nouvelle autorité doit faire face à de nombreux et difficiles défis", avoue Michel Prada. L'organisme a d'ailleurs identifié quelques grands "chantiers". Ceux-ci concernent notamment l'élaboration de son règlement général et la gestion de nouvelles "missions" telles que la régulation de l'analyse et de la notation financière, le tout avec une volonté affirmée de "rétablir la confiance des épargnants". Ainsi, en 2004, les innombrables introductions en Bourse, la mise en place périlleuse des nouvelles normes comptables ou encore la poursuite de la transposition des directives de Bruxelles ne devraient pas laisser beaucoup de répit au successeur de la COB et du CMF.En 2003, les deux organismes de contrôle et de régulation avaient d'ailleurs fait preuve d'un fort dynamisme, avant leur fusion. L'an dernier, la COB a en effet examiné 1.469 situations de marchés. Elle a ouvert 85 enquêtes au cours de l'exercice écoulé, et effectué 64 contrôles sur place auprès des acteurs de la gestion pour compte de tiers. Le CMF, quant à lui, a effectué 74 contrôles sur place des prestataires de services d'investissement. En 2003, 24 sanctions ont été prononcées, soit deux fois plus qu'en 2002. A ce titre, d'après des sources proches du dossier citées par l'AFP, deux des sanctions imposées l'année dernière concernent Corinne Bourgoin, la fille du président du "roi du poulet", et Nicolas Gaume, fondateur de l'éditeur de jeux vidéo en faillite Kalisto.Pour Michel Prada, la forte sollicitation de la COB et du CMF en 2003, en dépit d'une morosité des marchés actions, s'est justifiée notamment par un nombre important de retraits de la cote: le nombre de sociétés cotées sur les marchés réglementés est passé de 873 à 816 de 2002 à 2003. Surtout, l'année 2003 avait été marquée par deux opérations majeures qui se sont déroulées sous leur contrôle : le rapprochement du Crédit Agricole et du Crédit Lyonnais, et l'OPA d'Alcan sur Pechiney.Le cas Vivendi Universal éclabousse l'AMFPour Michel Prada, cela ne fait aucun doute : l'AMF a fait son métier, et sans jamais faire preuve de complaisance, dans l'affaire Vivendi Universal. A l'occasion de la présentation du rapport d'activité de l'Autorité des marchés financiers, le président de l'AMF a en effet rappelé que la COB avait contesté les choix comptables de Vivendi Universal. Elle avait également rédigé un rapport sur l'information financière du groupe. En outre, elle avait obtenu par décision judiciaire le séquestre en France des indemnités de licenciement de Jean-Marie Messier, d'un montant de 20,55 millions d'euros. Quoiqu'il en soit, si la question de la responsabilité de l'AMF dans l'affaire reste sans réponse, elle n'en demeure pas moins embarrassante. D'autant que l'AMF est montrée du doigt concernant son manque de réactivité, à l'époque des faits, face aux opérations de rachat d'actions en période de "lock out" effectuées par Vivendi Universal, entre le 17 septembre et le 2 octobre 2001.
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