L'emploi et la dette au centre des préoccupations de Bercy

Avant de présenter les grandes orientations de la politique économique du gouvernement, le ministre de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, a dressé un premier bilan en termes de croissance pour la période écoulée depuis son arrivée à la tête de Bercy le 28 février dernier.Après avoir tablé sur une fourchette comprise entre 2% et 2,5%, le ministre table désormais sur une croissance de l'ordre de 2%. "Le plancher d'autrefois devient désormais le plafond", précise le patron de Bercy. "Le trou d'air est derrière nous", estime cependant Thierry Breton, la hausse du PIB devant connaître une "tendance glissante" de 2 à 2,5% dès le second semestre 2005. Cette révision est essentiellement due à la hausse du prix du baril de pétrole en début d'année, qui a poussé les entreprises à "stocker plutôt que de produire à un prix du baril élevé", et par les mauvais résultats du premier trimestre 2005. Après ce premier bilan, et ces nouvelles perspectives de croissance, Thierry Breton a livré ses réflexions sur l'état de santé de l'économie française, "sans concessions et avec transparence". Ceux qui attendaient des mesures chocs en seront pour leur frais.Premier chantier auquel s'attaqueront les experts de Bercy dès l'automne prochain : la dette. "La France vit au-dessus de ses moyens", déplore le ministre, précisant que la charge de la dette absorbera l'équivalent de l'impôt sur le revenu en 2006. "Il faut avoir le courage de dire tout simplement que la France aujourd'hui vit au-dessus de ses moyens. Les Français doivent le savoir. La charge de la dette est en train de prendre toutes les marges de manoeuvre de notre économie", a-t-il insisté, en évaluant cette dette à 1.100 milliards d'euros en 2006. "Une mission de réflexion" sur la dette de l'Etat sera prochainement confiée à un expert dont les conclusions seront rendues d'ici à l'automne. Selon Thierry Breton, il faut un "débat transparent et approfondi" sur ce problème avec "l'ensemble de la nation" et "une véritable politique de gestion de notre dette". Cette gestion de la dette doit entre autres permettre à l'économie française d'aller chercher la croissance économique, le ministre se disant "convaincu" que la France doit s'efforcer d'atteindre plus généralement une "croissance au moins supérieure à 3%". "On n'en est pas encore là", a-t-il reconnu. Selon lui, seule la croissance "peut permettre à notre modèle social de continuer à vivre". "Il faut avoir le courage de le dire, pour financer notre modèle, il faut travailler plus, et tout au long de sa vie", a-t-il dit, en estimant qu'il y a "des idées qui sont à contre-courant du sens de l'histoire. Le nombre d'actifs en valeur absolue entre 15 et 60 ans va commencer à régresser, c'est la première fois que ça arrive. Or, dans une économie tertiarisée, pour avoir plus de croissance, il faut plus d'actifs. D'où les réflexions engagées par Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy sur la nécessaire immigration", a précisé le ministre. L'âge de la retraite, les 35 heures seraient-ils dans le collimateur ? Réponse dans les prochains mois. Par ailleurs, pour lutter contre le chômage, Thierry Breton a présenté plusieurs mesures, la principale d'entre elles portant sur la mobilité géographique des 2,5 millions de demandeurs d'emploi actuels. "Il existe plus de 500.000 offres d'emplois qui restent insatisfaites", précise le ministre. Pour inciter une partie des chômeurs à prospecter et à quitter leur région d'origine, Bercy pourrait décider de les exonérer de l'impôt sur le revenu pendant un an ou leur octroyer des primes pour les aider dans leurs démarches. De plus, toujours dans le souci de favoriser les nouvelles embauches, Thierry Breton a précisé le dispositif de crédit d'impôt de 1.000 euros en faveur des jeunes prenant un emploi dans un secteur "connaissant des difficultés de recrutement", qui bénéficiera aux moins de 26 ans. Cette mesure avait été annoncée le 8 juin par le Premier ministre Dominique de Villepin. Créé par ordonnance, ce dispositif devrait être "opérationnel dès la rentrée prochaine". Quant au crédit d'impôt, il "concernera les embauches conclues à compter du 1er juillet 2005, à temps complet ou à temps partiel d'au moins 50%". Le montant de la prime sera versé par les services du ministère des Finances par virement bancaire sur le compte du salarié dès la fin du troisième mois dans le métier considéré, après justification de la réalité de l'activité professionnelleEnfin, le ministre a donné plus de précisions sur les quatre "chariots-types"de 135 produits dont 99 produits alimentaires établi avec la DGCCRF et plusieurs associations de consommateur. Il a notamment précisé que, contre toute-attente - "la majorité des Français ayant le sentiment inverse" - sur un chariot-type moyen de 100 euros par semaine, le ticket global a diminué de 58 centimes entre février et juin.Les dépenses des collectivités locales bientôt sous surveillanceEn marge de la présentation du plan d'action de Thierry Breton, le ministre délégué au Budget, Jean-François Copé, a tenu à rappeler que le principe du "zéro volume" appliqué depuis maintenant quatre ans serait à nouveau en vigueur en 2005. "L'Etat tient ses engagements", a-t-il martelé, "les dépenses sociales s'infléchissent, or celles des collectivités locales commencent à devenir préoccupantes". Pour mettre un terme à cette dérive, le ministre propose la tenue d'une "conférence annuelle des finances publiques", où pourront débattre du schéma pluriannuel des finances publiques les représentants de l'Etat, les organismes sociaux et les collectivités locales. "Chaque acteur pourra ainsi identifier les mesures à prendre pour tenir les engagements, pour maîtriser les dépenses", a-t-il précisé.
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