"Le gouvernement doit prendre des mesures plus fortes pour lutter contre le chômage et restaurer la confiance des Français"

latribune.fr.- Quels commentaires faites-vous sur le plan d'urgence contre le chômage établi par le gouvernement de Dominique de Villepin ?Marc Touati.- Certaines mesures vont dans le bon sens car elles devraient être à même de stimuler l'emploi. Le taux de chômage pourrait ainsi diminuer de quelques points, via notamment la création de 100.000 postes aidés. Donner une impulsion, un bol d'air était indispensable pour tenter de restaurer la confiance des Français, et notamment des chefs d'entreprises.Concrètement, quel devrait être l'impact de ce plan sur le taux de chômage ?D'après nos calculs, le taux de chômage devrait baisser de 0,4 point pour s'établir à 9,8% de la population active à la fin de l'année. En 2006, il devrait à nouveau se réduire pour atteindre 9,5%.Uniquement grâce à cette impulsion gouvernementale ?Non, ce plan d'action ne devrait en fait avoir qu'un effet marginal sur l'emploi. La baisse du taux de chômage sera essentiellement liée à la dépréciation actuelle de l'euro face au dollar, dont les effets sur l'activité ne seront visibles que dans quelque mois.Comment expliquer ce demi-échec annoncé du Plan Villepin ?Malgré la bonne volonté du gouvernement, le plan d'action est encore bancal. Il ne tente de résoudre que la partie offre de l'équation. Une action sur la partie demande est indispensable. Par exemple ?Il faut des mesures fortes, des réforme profondes pour restaurer la confiance des Français. Modifier la fiscalité, par exemple, aurait des effets certainement très positifs sur leur moral. Réduire la CSG, ou la TVA qui est l'impôt le plus inégalitaire qui soit, serait à la fois populaire et également efficace. Car il existe une marge de manoeuvre. Par exemple, abaisser de deux points le taux de TVA coûterait 20 milliards d'euros. Or, on sait que depuis 2003, les dépenses de fonctionnement de l'Etat ont augmenté de 23 milliards. Au regard de ces chiffres, n'y a t-il pas moyen de réformer la fiscalité, de renforcer son efficacité pour stimuler la croissance ? Même chose du côté des entreprises. Réduire le taux d'imposition sur les sociétés, actuellement de 35%, est indispensable si on veut que l'investissement reparte. Pourquoi la France ne serait-elle pas capable de prendre les mêmes décisions que notre voisin allemand qui a abaissé l'IS de 45% à 25% entre 1998 et 2004 ?Compte tenu de ces perspectives sur l'emploi, et donc de leurs conséquences possibles sur la consommation, quelles sont vos prévisions de croissance pour 2006 ?Nous tablons sur une légère augmentation de croissance l'année prochaine. Stimulé par la dépréciation de l'euro, le PIB devrait progresser de 2% en 2006, après le 1,5% enregistré cette année. Toutefois, ce timide rebond reste fragile. L'éventualité de fortes tensions sociales à la rentrée pourrait saper la confiance, la consommation des ménages et des entreprises, et donc la croissance à venir. Au plan de relance de l'emploi proposé par le gouvernement de Villepin doivent s'ajouter des mesures fiscales concrètes pour relancer le pouvoir d'achat des Français.
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