Italie : les partisans du "non" marginalisés dans la droite et la gauche italiennes

Et si la France votait "non" à la Constitution européenne? La perspective d'un tel rejet français a déjà suscité de nombreux articles et éditoriaux dans les principaux quotidiens du pays. Le ministre italien des Affaires étrangères Gianfranco Fini évoque en cas de victoire du non en France "des conséquences à ne pas minimiser: l'interruption des procédures de ratification en cours dans les autres pays membres, l'impossibilité de garantir l'entrée en vigueur des innovations très importantes contenues dans le Traité (comme le ministre des Affaires étrangères de l'UE), une détérioration plus générale du climat politique et institutionnel dont les seuls à tirer profit seraient les courants hostiles au projet européen". Gianfranco Fini, également vice-président du Conseil et chef du parti Alliance Nationale, a siégé pour le cabinet italien à la Convention et regrette que l'idée d'un référendum simultané dans toute l'Union européenne émise lors de la Convention n'ait pas été retenue. Il a toutefois déjà une idée très arrêtée de ce qu'il faudra faire en cas de "non" référendaire: "il faudra d'abord sauver les potentialités du Traité de Rome et identifier un 'groupe moteur' ample et uni", déclare-t-il. Bien loin d'abandonner l'idée d'une Constitution, Fini veut parvenir au même résultat via "une stratégie d'alliance" avec les pays fondateurs de l'UE mais aussi avec les nouveaux entrés, avec notamment la possibilité d'une "avant-garde" en matière de sécurité et de défense. In fine, il s'agira selon lui de distinguer entre "les pays disponibles pour de larges partages de souveraineté et ceux qui préfèrent adhérer uniquement à l'espace économique unifié". D'après lui, un "non" français ne devrait pas nécessairement signifier un refus d'intégrer la Turquie dans l'UE. Ce volontarisme européen n'est pas forcément partagé au sein du cabinet de Silvio Berlusconi. L'autre vice-président du Conseil, l'ancien ministre de l'Economie et des Finances Giulio Tremonti, se fait ainsi davantage le relais du discours très critique sur l'Europe tenu ces derniers mois par Silvio Berlusconi. L'analyse des vicissitudes du référendum français tient ainsi beaucoup à la politique intérieure italienne. "Il est probable que plus de la moitié des Français partagent les jugements que tant d'entre nous ont exprimés: l'euro et l'élargissement de l'UE sont des choses justes mais qui ont été faites trop tôt", martèle Giulio Tremonti. Ce scepticisme vire à la franche opposition à la Constitution européenne auprès de proches du ministre: le parti populiste de la Ligue du Nord d'Umberto Bossi. Vitupérant pêle-mêle contre "la dramatique expropriation de la souveraineté nationale" induite par la Constitution européenne ou contre l'absence de l'indication des "racines chrétiennes" de l'UE, la Ligue a voté contre la récente ratification de la Constitution par le Parlement début avril.A l'autre bout de l'échiquier politique, Rifondazione comunista, un des deux partis communistes italiens, a également voté contre. En marge d'un récent meeting de soutien au "non" du PCF à Paris, le secrétaire général de Rifondazione Fausto Bertinotti s'est d'ailleurs plaint des modalités suivant lesquelles le traité constitutionnel a été ratifié dans la péninsule "sans que le pays s'en soit aperçu, avec une ratification parlementaire en toute hâte". Pour Bertinotti, le "non" français serait l'occasion de refuser "l'hégémonie du marché" et "d'ouvrir la voie à la construction d'une autre Europe, une Europe de paix, sans armée". Dans la coalition de gauche, l'Unione, menée par l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, la position de Rifondazione est cependant l'exception. Depuis la consultation l'automne dernier au sein du PS, la gauche italienne, fermement pro-européenne, a eu beaucoup de mal à comprendre le "non" à la Constitution choisi par une partie des camarades français.
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