Villepin ambitionne de rétablir la confiance à marche forcée

Dominique de Villepin, nommé hier à Matignon par Jacques Chirac, se consacre aujourd'hui à la composition de son gouvernement. La seule nomination certaine, à ce jour, est celle de Nicolas Sarkozy, confirmée mardi soir par le chef de l'Etat lui-même. Le reste de l'équipe devrait être connu au plus tard vendredi, jour où devrait se tenir le premier conseil des ministres.En attendant, le nouveau Premier ministre commence à donner quelques indications sur la façon dont il aborde sa tâche. En attendant de s'exprimer mercredi soir sur TF1, Dominique de Villepin a rencontré ce matin les sénateurs de la majorité. Selon l'un d'entre eux, Roger Karoutchi, il a notamment affirmé qu'il "se donne cent jours", d'ici au mois de septembre, "pour rendre confiance aux Français".Le Premier ministre "a pris conscience de la difficulté de l'enjeu et du fait que c'est un gigantesque effort" de redresser la situation, "dont on ne sait pas si on va pouvoir le mener à terme dans les deux ans qui viennent", d'ici à la présidentielle de 2007, a ajouté l'élu des Hauts-de-Seine, dont les propos étaient rapportés par l'AFP.Dominique de Villepin, qui n'a apparemment pas révélé comment il comptait rétablir si vite une confiance dont le vote de dimanche dernier a montré à quel point elle était profondément ébranlée, a également indiqué qu'il "rendrait compte tous les mois à la Nation de l'action du gouvernement". Reste au Premier ministre à définir comment il veut s'attaquer au problème du chômage, défini comme son unique priorité par le président de la République. Une tâche peu aisée, c'est un euphémisme, tant les gouvernements successifs s'y sont cassé les dents depuis vingt ans.Et Jacques Chirac ne lui a pas vraiment facilité la tâche en affirmant simultanément, dans son intervention de mardi soir, que "aucune solution ne doit être écartée, le seul critère est celui de l'efficacité" - ce qui pourrait ouvrir les porte à des expériences libérales - mais que tout cela doit se faire "dans le respect du modèle français" - ce qui implique exactement l'inverse.Les choses pressent, en tout cas, comme l'a souligné ce matin le président du Sénat, Christian Poncelet, qui a appelé le Premier ministre à "prendre très vite quelques mesures symboliques capables d'envoyer un signal fort aux Français" pour répondre à leur "mécontentement" et à leur "inquiétude". Contradictions toujours : Christian Poncelet a souligné que les Français avaient réclamé, avec leur vote de dimanche, à la fois "plus d'emploi, ce qui nécessiterait, par exemple, d'assouplir le code du travail", et "plus de protection et de sécurité"...Dans ces conditions, on comprend que Dominique de Villepin se soit cantonné à des formules vagues devant les sénateurs, affirmant par exemple qu'il faut "engager les réformes indispensables" et prendre "un cap d'action, d'audace et de mobilisation". Reprenant le double impératif défini par Jacques Chirac, le nouveau Premier ministre a plaidé "pour plus d'égalité des chances" et estimé qu'il fallait "faire sauter les verrous et permettre de débloquer l'embauche" : voilà pour le volet expérimentation. Mais "notre pays est attaché à son modèle social, attaché à marcher sur deux jambes, à la fois d'initiative et de solidarité. Chaque fois qu'on se détache de l'un de ces piliers, le pays vacille, se divise, doute, perd de sa capacité", a-t-il aussitôt ajouté - voilà pour la préservation du "modèle français".Et comme la nature contradictoire de ces messages ne lui a sans doute pas échappé, Dominique de Villepin a également affirmé qu'il fallait développer la "proximité" et le "contact avec tous nos concitoyens" afin de "démêler l'écheveau de leurs propres contradictions et des nôtres"...
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