La Fed enchaîne un treizième tour de vis de ses taux

C'est sans surprise que la Réserve fédérale a relevé aujourd'hui son taux directeur d'un quart de point pour la treizième fois consécutive, le portant à 4,25%. Un mouvement qu'anticipaient l'ensemble des 98 économistes suivis par l'agence Bloomberg. Le resserrement monétaire avait été amorcé en juin 2004, quand le taux directeur était au niveau plancher de 1%, un plus bas depuis près d'un demi-siècle. A ce niveau historiquement faible, les taux avaient alors permis de stimuler une économie affaiblie par l'éclatement de la bulle des valeurs technologiques. Scrupuleusement scrutée par la communauté financière, le changement de formulation du communiqué publié cet après midi outre-Atlantique par la Réserve fédérale laisse néanmoins entrevoir un changement de cap de politique monétaire. Alors que depuis le début du resserrement, la Fed qualifie le niveau de taux d' "accommodant", cette remarque ne figure plus dans le communiqué publié aujourd'hui. Le fait est qu'avec des taux désormais à 4,25%, la politique monétaire a largement perdu de son caractère accommodant. La Fed, qui avance à tâtons, s'inscrit davantage aujourd'hui dans une zone de neutralité. En revanche, elle estime toujours que les taux doivent être relevés à un "rythme mesuré". Depuis les minutes de la dernière réunion de la Fed du 1er novembre, une majorité d'économistes s'attendait à cette suppression de la référence à une politique "accommodante". Certains membres du FOMC (Federal Open Market Committee) y exprimaient leur inquiétude sur les risques que ferait naître une poursuite du resserrement monétaire et considéraient que le "langage de la Fed serait très prochainement modifié".Depuis dix-huit mois, la hausse des taux directeurs a permis aux Etats-Unis de se prémunir contre les tensions inflationnistes induites par l'envolée des prix du pétrole et une croissance annuelle de l'ordre de 3,5%. Un moyen également d'apaiser l'effervescence du marché immobilier. Ainsi, les ventes d'habitations anciennes ont reculé de 2,7% outre-Atlantique sous le coup de crédits hypothécaires plus onéreux. Reste que la Fed se soucie toujours de l'inflation. Outre la croissance soutenue, les créations d'emploi ne tarissent pas et les entreprises répercutent le prix des matières premières sur leur vente. De là à ce que les hausses de prix ne se répercutent sur les ventes de détail et que les salariés ne réclament des hausse de salaires, il n'y a qu'un pas. De quoi militer pour une extrême vigilance lors des prochaines réunions monétaires. Alors que celle du 31 janvier sera présidée pour la dernière fois par Alan Greenspan, son successeur Ben Bernanke aura repris le flambeau pour celle du 28 mars.
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