Allemagne : la croissance stagne, mais la confiance revient

La première estimation était la bonne. Ce matin, l'Office fédéral des statistiques Destatis a confirmé les chiffres de la croissance outre-Rhin publiés le 11 août dernier. Au deuxième trimestre, le PIB de la première économie de la zone euro est resté stable. En outre, les experts de Destatis révisent à la baisse les statistiques du premier trimestre. Entre janvier et mars, la croissance allemande s'est finalement élevée à 0,8%, après avoir été initialement annoncée à 1%.De fait, corrigé des variations saisonnières et des jours ouvrables, le PIB allemand affiche une hausse de 0,6% en glissement annuel, bien loin de son niveau potentiel, estimé par la plupart des économistes à 1,2%. Néanmoins, en détaillant ces statistiques trimestrielles plutôt moroses, quelques signes encourageants apparaissent. "C'est la première fois depuis près d'un an que la demande intérieure stimule l'économie", constate Sylvain Broyer chez Ixis CIB.Du côté des entreprises, la variation des stocks apporte 0,3 point de croissance. Quant à l'investissement, il reste dynamique. Après avoir progressé de 1,6% au premier trimestre, les investissements en biens d'équipement affichent une hausse de 0,6% entre avril et juin. "Il semble que la stratégie de désendettement des entreprises allemandes commence à prendre fin, et qu'elles aient décidé d'investir à nouveau", explique l'économiste."Plusieurs éléments laissent espérer une poursuite de ce rebond. D'une part, les revenus des entreprises allemandes continuent de croître à un rythme spectaculaire (+ 6%, après déjà + 3,1% au trimestre précédent). Ainsi, sur les deux dernières années, ils ont crû de 28,2% (contre + 0,4% pour le revenu des salariés...). D'autre part, même si le niveau élevé du prix du pétrole et la légère remontée de l'euro au cours du dernier mois pourraient les avoir inquiétés, les chefs d'entreprise, tant dans l'industrie que dans les services, retrouvent un peu d'optimisme", explique Marc Touati chez Natexis Banques Populaires.Un regain de confiance confirmé ce matin par l'institut de conjoncture Zew, dont l'indice de confiance a gagné 13 points en août pour s'établir à 50. Les dépenses publiques ont également soutenu l'activité, apportant 0,1 point de croissance. A quelques semaines des élections législatives, cruciales pour le gouvernement de Gerhard Schröder, la rigueur budgétaire se relâche quelque peu. En revanche, la consommation des ménages pèse toujours sur la croissance, retirant 0,3% de pourcentage au PIB. Les ménages allemands, toujours inquiets quant à la situation du marché de l'emploi, restent prudents. En recul de 0,2% sur la période, les investissements dans la construction ont également déçu les économistes. Après un hiver très rigoureux qui a retardé de nombreuses mises en chantier, ceux-ci avaient tablé sur un redressement de l'activité de ce secteur au deuxième trimestre.Mauvaise nouvelle, le commerce extérieur, qui constitue le principal moteur de la croissance allemande depuis trois ans, est tombé en panne au deuxième trimestre et a retiré 0,3 point de croissance au PIB. En effet, les exportations n'ont progressé que de 1,2%, affectées notamment par l'appréciation de l'euro face au dollar, tandis que dans le même temps, les importations avançaient de 2,3%."Compte tenu de ces statistiques, et des nouvelles tendances qui semblent se dégager, on peut anticiper un renforcement de la croissance allemande au cours des prochains trimestres. Toutefois, cette reprise de l'activité reste menacée par la flambée des cours du brut, qui pèse sur les entreprises, et par les difficultés du marché de l'emploi et la stabilité du pouvoir d'achat qui freinent la consommation des ménages", explique Sylvain Broyer qui table sur une croissance annuelle de 0,9% en 2005 et de 1,2% en 2006.Le déficit public atteint 3,6% du PIB au premier semestreA moins d'un miracle, l'Allemagne devrait à nouveau enfreindre le Pacte de stabilité et de croissance cette année. Au premier semestre, selon les données provisoires publiées par l'Office fédéral des statistiques, le déficit public allemand, qui inclut les comptes du gouvernement, des Etats régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale, a atteint 39 milliards d'euros, soit 3,6% du PIB. Ce déficit est toutefois inférieur à celui enregistré au premier semestre 2004 (43,1 milliards d'euros, soit 4% du PIB). Bruxelles impose aux états membre de limiter leur déficit public à 3% du PIB. L'Allemagne ne respecte pas ses engagements communautaires depuis 2002. Pour cette année, le gouvernement table sur un déficit à 3,7% du PIB, comme en 2004. Faiblesse de la croissance oblige, il n'espère pas revenir avant 2008 sous la barre des 3%.
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