Allemagne : "Il pourrait y avoir un vrai rassemblement politique autour du mouvement de réforme de ces dernières années"

latribune.fr- Quels commentaires vous inspirent les résultats du scrutin de dimanche ?Sylvain Broyer- Je crois que l'on se dirige tout droit vers une grande coalition entre le SPD et le CDU. Il faut voir, bien sûr, comment va évoluer le débat. Mais il est clair que l'extrême gauche ne veut pas gouverner, que les libéraux ne veulent pas des Verts ou du SPD et que les Verts ne veulent pas de la CDU. Donc, la seule solution qui reste, c'est celle de la grande alliance entre sociaux démocrates et chrétiens démocrates.Les deux grands partis n'ont-ils pas eux aussi affirmé qu'ils ne voulaient pas gouverner ensemble ?En fait, ils n'ont pas tellement dit qu'ils ne voulaient pas travailler ensemble, ils ont plutôt dit, chacun, qu'ils voulaient diriger un gouvernement auquel ils participeraient. C'est donc plutôt un problème de personnes... Par ailleurs, il faut voir ce que donnera le scrutin de Dresde, le 2 octobre. Les sièges qui y sont en jeu pourraient éventuellement effacer l'écart qui existe actuellement entre les deux grandes formations. Dès lors, Gerhard Schröder a encore de vraies chances de l'emporter. Si jamais c'était le cas, c'est un coup de poker qui resterait dans les annales de l'histoire allemande!Si grande coalition il doit y avoir, qui la dirigera ?Si l'on se base sur les préférences indiquées par les électeurs, les Allemands ont clairement dit, dans les sondages, qu'ils préféraient Schröder. Angela Merkel, pour sa part, a subi un vrai échec hier. Du coup, en faisant alliance avec les Verts, le SPD est plutôt mieux placé. Cela dit, en Allemagne, traditionnellement, c'est le parti qui a le plus de voix qui propose le chancelier. Ce serait donc plutôt à la CDU de le faire. Mais le parti ne proposera pas forcément Angela Merkel. Il va y avoir des discussions très complexes dans les jours qui viennent...Une telle grande coalition ne risque-t-elle pas de paralyser le mouvement de réformes dont l'Allemagne a besoin ?Je crois que l'on est beaucoup trop négatif au sujet de l'hypothèse d'une grande coalition. Il y a en fait accord entre les deux grands partis sur des réformes importantes favorables à l'économie: une diminution de l'impôt sur les sociétés, un assainissement des finances publiques avec la suppression de niches fiscales et de l'aide à la propriété...A l'inverse, bien sûr, il y a de grandes divergences sur des réformes figurant dans les programmes des deux partis en matière de santé, d'emploi, de TVA, etc... Mais il faut bien voir que ces programmes sont des armes de campagne. Leurs propositions les plus radicales seront abandonnées et ce ne sera pas si négatif que cela. D'ailleurs, les mesures prises par la première grande coalition, de 1966 à 1969, ont été très favorables aux marchés.La recherche du plus petit dénominateur commun ne risque-t-elle pas de déboucher sur des "réformettes" insuffisantes ?Je ne crois pas. Le gouvernement aura l'appui du Bundesrat. Il pourra donc faire des réformes touchant au fédéralisme. Il pourrait en fait y avoir un vrai rassemblement politique autour des réformes engagées ces dernières années. Les marchés se montrent nettement moins confiants que vous, aujourd'hui...C'est normal. Il y a pour le moment une très grande incertitude. On ne sait pas du tout qui sera chancelier, qui fera partie d'une coalition de gouvernement. Mais les marchés se reprendront dès que l'on aura quelques certitudes politiques.
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