Argentine : des élections décisives pour le redressement économique du pays

Les législatives de mi-mandat sont traditionnellement redoutées par les présidents argentins. Elles sont souvent l'occasion de mesurer une baisse de popularité, quand elles ne donnent pas lieu à un vote sanction. Néstor Kirchner ne risque rien de tel ce dimanche 23 octobre, qui verra 26 millions d'électeurs renouveler largement les Parlements national et provinciaux. Au contraire, sur l'ensemble du pays, les candidats de la majorité présidentielle devraient arriver en tête, avec plus de 35% des suffrages. Mais le succès du chef de l'Etat ne sera pas complet. D'abord parce qu'il a placé la barre très haut, en affirmant que le scrutin serait un "plébiscite" sur sa gestion. Ensuite, parce que deux des quatre principaux districts, la capitale fédérale Buenos Aires et la province de Santa Fe, devraient lui échapper. Enfin, parce que la victoire attendue de son épouse Cristina Kirchner face à... la femme de l'ancien président Eduardo Duhalde, dans la province de Buenos Aires (indépendante de la ville de même nom) qui regroupe 40% de l'électorat, sera moins nette que souhaité.De fait, compte tenu des rapports de force prévisibles dans les assemblées, il n'est pas impossible que Kirchner ait moins de pouvoir avec plus du tiers des suffrages qu'il n'en a eu depuis son élection en 2003 avec seulement 22% des voix (obtenues au premier tour du scrutin, le second ayant été annulé en raison de la défection de son adversaire Carlos Menem). C'est que, jusqu'ici, indépendamment de la popularité qu'il a su gagner, le président a gouverné grâce à une alliance avec son prédécesseur Duhalde. La rupture de cette alliance entre les deux grands courants du parti péroniste, qui laisse prévoir de nouveaux affrontements d'ici la présidentielle de 2007, est le fait marquant des législatives. Elle annonce une Argentine plus instable et fait peser des doutes sur le maintien aux affaires de l'homme qui a conduit le redressement du pays après la crise 2001-2002: Roberto Lavagna. Appelé au ministère de l'Economie par Duhalde en avril 2002, puis maintenu à son poste par Kirchner, Lavagna est lié à l'ancien président. L'actuel chef de l'Etat sait qu'il lui doit beaucoup dans la remise en ordre qui a permis le retour de la croissance (plus de 8% par an depuis 2003). Mais il n'ignore pas que son ministre, également en cour auprès de l'opposition non péroniste, a un profil de présidentiable. On s'accorde à penser qu'il restera jusqu'à la fin de l'année, le temps de négocier un accord avec le FMI (Fonds monétaire international) dont le pays a grand besoin pour faire face aux engagements pris dans le cadre de la restructuration de sa dette à l'égard des créanciers privés. Au-delà, l'avenir de Lavagna au gouvernement est incertain.Durant la campagne, Kirchner a tenu des propos nationalistes et pouvant parfois paraître antilibéraux, suscitant un malaise parmi les chefs d'entreprise, notamment étrangers, que les attaques contre le groupe français Suez n'ont fait qu'accentuer. Dans ce contexte, l'éventuel départ de Lavagna ne manquerait pas de préoccuper les milieux d'affaires.
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