Trichet rassure sur l'ampleur du resserrement monétaire, l'euro se replie

Une hausse du loyer de l'argent se profile bel et bien dès le mois de décembre dans la zone euro, mais son ampleur sera limitée. La prochaine hausse de taux annoncée par la Banque centrale européenne ne sera pas forcément le début d'une série de hausses, a en effet déclaré aujourd'hui le gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, lors de son audition au Parlement européen.Vendredi, le président de la BCE avait déclaré que le "Conseil des gouverneurs était prêt à prendre une décision" sur les taux, après deux ans et demi de taux d'intérêt fixés à 2%. Ces propos ont été interprétés par une partie des cambistes comme l'annonce d'une hausse des taux d'intérêt le 1er décembre, la première depuis octobre 2000. De fait, les 19 économistes interrogés par l'agence Bloomberg s'attendent à un tel mouvement. Or seulement un seul sur 26 économistes pariait sur un tel resserrement le 28 octobre. En écartant la perspective d'une succession de relèvements des taux, les déclarations de Jean-Claude Trichet aujourd'hui ont donc atténué l'ampleur du mouvement attendu. Du coup, en hausse depuis vendredi, la monnaie unique s'est repliée cet après-midi à 1,1752 dollar, après avoir grimpé à 1,1772 dollar à la clôture à la veille du week-end.Outre-Atlantique, la Réserve Fédérale (Fed) a relevé son taux directeur le 1er novembre pour la douzième fois consécutive, le portant à 4%, afin de contenir une inflation alimentée par la forte croissance économique américaine et les risques de contagion de la flambée du pétrole. Certes, l'inflation s'avère bien moins menaçante en Europe, où le PIB s'inscrit à la traîne de la croissance mondiale. Mais la dépréciation de l'euro face au dollar, de 17% depuis le début de l'année, soulève le risque d'une inflation importée."Toutes les indications que j'ai montrent que les prévisions d'inflation seront plus élevées" que celles présentées en septembre, a également déclaré aujourd'hui Jean-Claude Trichet. En septembre, la BCE avait annoncé prévoir une inflation moyenne de 2,2% en 2005 et de 1,8% en 2006.Dans les milieux politiques, certains militent contre un mouvement de hausse des taux européens qui freinerait une croissance déjà peu flamboyante (lire ci-contre). A la Commission européenne ou dans des capitales comme Berlin, des voix se sont élevées pour mettre en garde la BCE contre les conséquences économiques d'un relèvement des taux. Jean-Claude Trichet a néanmoins tenté de rassurer les esprits. "Nous allons réduire quelque peu le caractère accommodant de la politique monétaire actuelle, afin de maintenir sous contrôle les anticipations d'inflation. Mais la hausse de taux à venir n'empêchera pas une croissance durable et la création d'emplois dans la zone euro", a-t-il indiqué vendredi.Reste que certains économistes s'inquiètent du caractère prématuré de la hausse des taux. Surtout après les dernières prévisions de la Commission européenne publiées jeudi. De fait, Bruxelles a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la Zone euro à 1,3% en 2005, 1,9% en 2006 et 2,1% en 2007. De plus, selon Bruxelles, cette timide amélioration ne devrait pas alimenter de tensions inflationnistes, puisque la Commission table sur une inflation en recul de 2,3% en 2005 à 2,2% l'an prochain, puis à 1,8% en 2007, repassant sous le seuil de 2% visé par la Banque centrale européenne.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.