Angela Merkel va prendre la tête du gouvernement allemand

Cette fois c'est sûr: Angela Merkel va bien devenir la première chancelière d'Allemagne. Au terme de longues discussions, le SPD, parti social-démocrate de son rival Gerhard Schröder, a en effet accepté de former avec les chrétiens-démocrates de la CDU un gouvernement de coalition dirigé par la leader de ce parti conservateur.Il aura donc fallu trois semaines pour surmonter les blocages politiques issus d'élections législatives qui n'avaient donné de majorité claire à aucun des deux grands partis, ni à aucune des coalitions traditionnelles regroupant la gauche ou la droite de l'échiquier politique allemand. La CDU a obtenu, avec son parti soeur la CSU, 35,2% des voix et 226 sièges, tandis que le SPD obtenait 34,2% des voix et 222 sièges.Après avoir adopté des positions de départ très dures, le SPD et la CDU exigeant tous deux d'occuper la place de chancelier dans un éventuel gouvernement conjoint, les deux grands partis ont donc finalement dégagé les termes d'un accord.Le principal sacrifice est consenti par le SPD, qui renonce au poste de chancelier. Il est vrai que les chances de Gerhard Schröder de conserver son poste semblaient bien minces. La tradition allemande veut que le parti disposant du plus grand nombre de sièges au Bundestag nomme le chancelier. Or, c'est clairement la CDU, avec son alliée bavaroise CSU, qui est dans cette situation.Ministères répartis à paritéGerhard Schröder ayant renoncé à la chancellerie, la voie était donc libre pour Angela Merkel, qui va devenir la première femme chancelière d'Allemagne - et cela en dépit d'une campagne électorale très décevante qui lui a valu bien des critiques, y compris dans son propre camp.Elle devrait être accompagnée par des ministres de son parti aux postes de l'Economie (portefeuille qui sera occupé par Edmund Stoiber), de l'Intérieur, de la Défense, de l'Agriculture, de la Formation et de la Famille. En revanche, les sociaux-démocrates occuperont quelques postes clé du nouveau gouvernement, au premier rang desquels les Finances et les Affaires étrangères, ainsi que le Travail et la Justice. Gerhard Schröder n'y participera pas. Les seize postes du Cabinet seront répartis à égalité entre les deux partis.Cette "grande coalition", regroupant les deux principaux partis allemands, est la première depuis 1969. Etant tombés d'accord sur le principe de la constitution de ce nouveau gouvernement et le choix d'Angela Merkel, les deux partis vont maintenant entrer dans des discussions détaillées sur les politiques à mettre en oeuvre conjointement. Ces négociations, qui s'annoncent longues et difficiles, devraient commencer le lundi 17 octobre, et durer jusqu'au 12 novembre. Une période pendant laquelle Gerhard Schröder expédiera les affaires courantes.Profondes divergencesLes discussions s'annoncent d'autant plus difficiles que la situation de l'économie allemande est fort dégradée. Le pays souffre d'une croissance anémique (0,8% attendu cette année par le FMI) et d'un chômage considérable (11,7% le mois dernier). Sans parler d'un déficit budgétaire qui dépasse la barre des 3% prévue par les accords européens.Durant la campagne électorale, la CDU avait mis l'accent sur une politique résolue de baisse des impôts et des charges sociales. Le parti conservateur proposait notamment de limiter les droits dont disposent les représentants des salariés dans les conseils des entreprises. A l'inverse, le SPD mettait en avant la protection des droits des travailleurs et le refus de nouvelles baisses d'impôts.Autre profond sujet de discorde: l'idée de la CDU de relever la TVA de 2 points, pour la porter à 18%, afin de financer une baisse des charges sociales pour les entreprises de façon à favoriser l'embauche. Un projet que le SPD rejette comme injuste et susceptible de freiner encore un peu plus une consommation déjà défaillante...Si les positions de départ sont donc très différentes, au moins les deux partis ont-ils en commun la volonté de réformer des grands pans du modèle social allemand, comme Gerhard Schröder a largement commencé à le faire ces dernières années. Reste la possibilité, redoutée par le monde des affaires, que la recherche d'un consensus débouche sur un accord a minima reposant sur quelques réformes édulcorées, qui ne se révéleraient pas à la hauteur des problèmes du pays.
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