Plongé depuis de très longues années dans une déprime persistante, le Japon s'offre une bouffé d'euphorie, aujourd'hui. La très large victoire électorale du Premier ministre Junichiro Koizumi fait souffler un vent d'optimisme quant à la capacité du pays à se réformer. Du coup, la Bourse de Tokyo s'envole. Et pour améliorer encore le tableau, la croissance japonaise a été revue sensiblement à la hausse ce matin...C'est sur une forte progression, au vu des habitudes locales, que s'est achevée la séance boursière d'aujourd'hui au Japon. L'indice Nikkei a enregistré une hausse de 1,61%, pour terminer à 12.896,43 points. Les investisseurs ont ainsi manifesté leur profonde satisfaction face à la victoire historique remportée par le Parti libéral démocrate (PLD) de Junichiro Koizumi dans les élections législatives de dimanche.Les résultats officiels font apparaître en effet que le PLD va détenir 296 sièges sur les 480 que compte le Parlement. Junichiro Koizumi, autrement dit, va disposer d'une large majorité absolue, phénomène très inhabituel au Japon où le jeu des coalitions s'impose le plus souvent. Aucun parti n'avait pu gouverner seul depuis 1990.Dès lors, le Premier ministre devrait avoir les mains libres pour mener à bien les réformes structurelles, d'inspiration libérale, dont l'économie japonaise a besoin. On sait que c'est suite au rejet par le Sénat de son projet de réforme de l'énorme institution qu'est la Poste nippone que Junichiro Koizumi avait décidé la tenue de ces élections générales (voir ci-contre). Un pari qui se révèle donc plus que payant, et qui laisse augurer d'une phase de réforme accélérée dans le pays.La réforme de la Poste devrait d'ailleurs revenir devant les députés d'ici la fin de l'année. En jeu: la privatisation progressive d'un des plus gros établissements financiers de la planète, qui gère environ 355.000 milliards de yens (2.640 milliards d'euros).Et le mouvement de modernisation de l'économie japonaise ne s'arrêtera pas là. Les grandes manoeuvres politiques de ces dernières semaines ont permis au Premier ministre de se débarrasser des membres du PLD hostiles aux réformes. Dès lors, la volonté réformatrice de Junichiro Koizumi devrait pouvoir s'exprimer à loisir dans les mois qui viennent, qu'il s'agisse de fiscalité ou de services publics.Dans ces conditions, la victoire électorale de celui-ci est accueillie avec enthousiasme par les économistes. "Le Japon se dirige vers une période de renouveau après une ère de déclin", juge ainsi Masuhisa Kobayashi, stratège chez Barclays Capital interrogé par l'AFP, selon qui le pays "s'est transformé en une des destinations les plus attrayantes pour les investissements dans le monde industrialisé". "Une majorité aussi large a des effets positifs quant aux perspectives, car les gens s'attendent à une re-dynamisation de l'économie dans les prochaines années", confirme Richard Jerram, analyste chez Macquarie Research à Tokyo, selon qui un résultat électoral aussi tranché "donne au gouvernement un mandat pour réformer" le Japon en profondeur. Cerise sur le gâteau, les Japonais ont pu également se réjouir de la révision à la hausse du taux de croissance de l'économie annoncée ce matin. Le produit intérieur brut du Japon a finalement progressé de 0,8% au deuxième trimestre 2005 par rapport au trimestre précédent. Une bonne nouvelle, puisque la première estimation ne portait que sur 0,3%. En rythme annuel, le PIB japonais a donc progressé de 3,3%, soit là encore nettement plus que la première estimation de 1,1%. C'est la consommation intérieure qui a permis ce regain de croissance. Un signe positif dans une économie ravagée depuis des années par les méfaits de la déflation. Selon les dernières prévisions de l'OCDE, l'activité économique japonaise devrait croître de 1,5% à 1,8% sur l'ensemble de 2005.

latribune.fr

19 Oct 2008, 21:35

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