Plus de 30 ans : quelles carrières envisager en comptabilité et en banque d'investissement ?

La nouvelle législation européenne sur la discrimination liée à l'âge pourrait bien être adaptée dans certains pays membres de l'UE. Les employeurs dans le domaine des services financiers pourraient alors être obligés d'ouvrir leurs programmes réservés aux diplômés à des étudiants plus âgés et même à des candidats ayant obtenu leur diplôme il y a des dizaines d'années. Les détails d'application de cette législation restent imprécis mais ils seront clarifiés par la rédaction d'une directive qui devrait être divulguée cet été. Jane Mann, associée et responsable du département droit du travail au sein du cabinet Fox Williams, explique que cette directive pourrait invalider les programmes de recrutement exclusivement réservés aux personnes qui viennent de quitter l'université : "Un recrutement destiné aux diplômés pourrait en lui-même être discriminatoire dans la mesure où la plupart des diplômés sont jeunes." Banques d'investissement : les jeunes ont la primeur La législation pourrait bien être un choc pour les banques d'investissement qui ont pour réputation d'embaucher des jeunes gens d'une vingtaine d'années pouvant travailler 70 heures par semaine. "Pour être franc, les personnes âgées de 35 à 40 ans n'auront même pas l'énergie de passer le processus d'entretiens", explique le responsable du recrutement des jeunes diplômés d'une grande banque européenne qui exige des candidats de première année d'avoir quitté l'université dans les 18 derniers mois. "Les gens doivent se rendrent compte de ce que signifie travailler en banque d'affaires ; la plupart des banquiers s'épuisent avant d'avoir eu 40 ans." Une personne plus âgée (ce qui dans le monde de la banque d'affaires signifie toute personne de plus de 28 ans) qui veut entrer dans ce domaine, doit avoir fait un MBA ou être diplômée d'une des meilleures écoles de commerce. Les banques semblent cependant être conscientes de l'impact que pourrait avoir cette nouvelle loi sur les programmes de recrutement des jeunes diplômés. Nombre d'entre elles ont en effet assisté ce mois-ci à une conférence sur ce thème organisée par l'association des recruteurs de jeunes diplômés (the Association of Graduate Recruiters). Helen Bostock, membre du conseil de cette association et directrice du marketing de recrutement chez JP Morgan, explique que la plupart des banques ne sont pas préparées à cette loi. Elles devront utiliser l'expérience qu'elles ont pu avoir dans les pays où les étudiants ont plus de 30 ans à la sortie de l'école, précise Bostock. Un autre recruteur dans le domaine bancaire explique que son organisation prévoit de supprimer des mots tels que le mot "énergétique" de ses brochures de recrutement. Jane Mann est convaincue qu'une telle démarche est préférable: "les mots qui sous entendent la jeunesse pourraient poser problème, de même que les brochures de recrutement comportant de nombreuses photos de jeunes gens." Comptables : l'esprit et les bras ouverts Si les banques d'investissement doivent encore faire des efforts afin de s'adapter à ce nouveau type d'embauches, les cabinets d'audit accueillent déjà en première année les bras ouverts des candidats plus âgés. Richard Scammell, qui a une trenaine d'années, est en première année dans la division conseil fiscal et technologie chez Deloitte. Il a rejoint le programme en 2003 après avoir travaillé dans l'événementiel d'entreprise. Pour lui, l'attrait du conseil fiscal a augmenté avec l'âge : "j'apprécie les avantages d'avoir un emploi stable plus que lorsque j'étais un jeune fou sortant tout droit de l'université." Charles Wale, assistant en audit chez KPMG, a 33 ans. Il a rejoint le programme des jeunes diplômés il y a deux ans après avoir passé cinq ans chez Procter & Gamble au poste de manager de production et un an en Master de théologie. "J'ai été très agréablement surpris de découvrir qu'il n'y avait pas de préjugés vis-à-vis des candidats plus âgés. Nous ne sommes que quelques uns pour la seule raison que peu de candidats sont préparés à voir leur salaire chuter." Keith Dugdale, directeur du recrutement chez KPMG, explique qu'en application de cette nouvelle législation, les programmes de recrutement pour jeunes diplômés devront être ouverts à tous, quel que soit leur âge et leur année de diplôme. C'est déjà le cas chez KPMG explique Dugdale : "Nous recrutons davantage de candidats plus âgés que par le passé. Ils ont souvent un parcours très particulier : nous avons des femmes mariées qui ont décidé de recommencer à se former une fois que les enfants ont quitté la maison, ou des gens qui ont travaillé comme professeur et qui cherche à changer de carrière." Sarah Shillingfort, associée en audit chez Deloitte et responsable du recrutement de jeunes diplômés, explique que le programme de Deloitte est ouvert à tous, même si en pratique, peu de personnes âgées de plus de 40 ans postulent: "la demande est moindre : les gens ne veulent plus se lancer dans une formation réservée aux jeunes diplômés après quelque années." On trouve toujours des exceptions. A la conférence récemment organisée par l'association des recruteurs de jeunes diplômés, un Big 4 affirme avoir reçu une candidature pour le programme réservé aux jeunes diplômés d'un homme de 57 ans. Le programme de formation dure trois ans et le cabinet prévoit une retraite obligatoire à 60 ans. Recommencer à zéro : les avantages Une meilleure formation : les programmes de recrutement pour diplômés offrent dans les grandes sociétés la possibilité de passer certains diplômes comme le ACA, le MBA, le CFA ou bien d'autres. Un futur plus rassurant : un vrai poste vous permet d'être moins sujet aux licenciements (ce n'est pas toujours vrai pour les banquiers d'investissement). Vous profiterez d'un travail intellectuellement stimulant : si vous disposez d'un bon diplôme en économie mais que vous venez de passer les cinq dernières années à essayer sans succès de devenir ingénieur du son, un premier poste en finance pourrait se révéler mentalement très stimulant. Recommencer à zéro : les inconvénients Un salaire moins élevé : les banques et cabinets d'audit s'attendent à ce que vous ayez une vingtaine d'années en première année, sans autre charge que vos meilleurs amis et vos prochaines vacances à Ibiza. Il pourrait vous être difficile de rembourser votre emprunt et vos frais de scolarité. Tout le monde pense que vous êtes plus seniors que vous ne l'êtes : ne soyez pas surpris que vos collègues de première année vous prennent pour un associé ou un directeur. Un travail intensif et prenant : les programmes réservés aux nouveaux diplômés sont très intensifs. En cabinet d'audit, il est peu fréquent que des personnes plus âgées parviennent à passer l'examen du ACA en trois ans, la plupart préférant choisir de passer d'autres qualifications. Il est à noter que le ACA peut cependant se préparer en huit ans si cela est nécessaire.
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