"Après le rachat d'Electrabel, Suez devra encore clarifier sa stratégie"

latribune.fr- Le montant proposé par Suez pour racheter les minoritaires d'Electrabel est-il suffisant ?John Honoré- Ce montant semble tout à fait conforme. En effet, que ce soit pour la Générale de Belgique, pour Sita ou pour Tractebel, Suez a toujours proposé une prime comprise entre 15% et 20%. Comparée aux autres primes déjà proposées pour des entreprises du secteur, celle de Suez reste correcte et dans la norme. Ne perdons pas de vue qu'Electrabel est une société qui a une croissance faible. L'activité progresse de l'ordre de 4% à 5% par an lorsque celle d'E.ON, par exemple, augmente de 11%. La bonne tenue de ses activités hors de Belgique compense à peine son recul sur le marché domestique. En effet, la filiale de Suez a également perdu des parts de marché sur son marché domestique en Belgique depuis 1999, passant de 91% à 80%. L'offre est suffisamment attractive pour que son taux de réussite soit au moins de 95%.Que pensez-vous des perspectives annoncées par Suez ?L'opération en elle-même ne change rien au plan de développement d'Electrabel, à moins que Suez ne décide de l'accélérer mais il n'en a pas été question lors de l'annonce de l'offre. Les synergies attendues de 350 millions d'euros sont importantes. Les économies opérationnelles de 250 millions d'euros, à travers les frais généraux, les achats, ou encore l'informatique, sont tout à fait réalisables. Mais je ne saisis pas comment Suez pourra générer 100 millions d'euros de synergies fiscales et financières alors que les fiscalités françaises et belges sont totalement différentes. En ne prenant pas en compte ces dernières économies, nous estimons plutôt que l'effet positif sur le bénéfice net par action sera de 6% en 2006 (contre 7% prévu par Suez) et de 9% en 2007 (contre 15%).Comment expliquez-vous la réaction positive du marché envers Suez à l'annonce de l'opération ?La valeur a bénéficié d'un effet de rattrapage et a progressé de 13% en deux jours. En effet, le titre Suez était sous-valorisé du fait de la particularité de sa structure duale formée avec Electrabel. En outre, plusieurs facteurs ont entraîné cette hausse. D'abord, la part de cash (80%) dans l'offre a surpris car certains analystes s'attendaient à une part plus importante de titres. Suez a également annoncé des montants de synergies importants. De plus, le groupe en a profité pour publier de bons résultats semestriels. Enfin, Suez a d'ores et déjà assuré une hausse de 10% du dividende pour 2005 alors qu'il progresse en général de 5% à 7%, et de 3% chez Electrabel.Qu'attendez-vous du groupe en dehors de cette offre dans les prochains mois ?Au niveau stratégique, lorsque l'offre sera terminée, nous attendons plus de précisions sur le dossier argentin et l'éventuelle cession des actifs. Ensuite, nous souhaiterions que Suez développe un plan de réallocation des fonds dégagés par les cessions vers l'Europe. Enfin, un plan stratégique clair devra être présenté afin de connaître les ambitions de Suez pour devenir un acteur majeur sur un marché européen en pleine consolidation.Comment voyez-vous l'évolution du titre Suez en Bourse dans les mois à venir ?Nous ne pensons pas que le titre progressera de manière très significative. Nous estimons que le titre Suez devrait atteindre 26 euros au début du mois de novembre, une fois que l'offre sera terminée. D'après nos estimations, si l'offre se déroule comme prévu, le cours de Bourse de l'action devrait atteindre 27 à 28 euros dans les six prochains mois.Le groupe va continuer sa croissance externe ?Le groupe ne prévoit pas de grosses opérations. Suez pourrait opérer des petites acquisitions ciblées en Europe centrale. Mais Electrabel ne s'est jamais lancé au-delà de la Pologne. Quant à l'avenir de son pôle environnement qui a été vivement critiqué, nous pensons que Suez est obligé de le conserver. Même si les activités "eaux et déchets" ne représentent que 27,5% du chiffre d'affaires total du groupe, Suez ne peut s'en séparer. L'activité de Suez en France est assurée à 60% par ce pôle environnement. Si Suez se sépare de ces activités, sa présence en France sera totalement remise en cause. Son marché national dépend de ce pôle.
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