"L'épargnant pense que la banque favorise ses produits plutôt que le conseil"

latribune.fr - D'après votre étude, comment évolue le comportement de l'épargnant en France?Olivier Gourragne - Les consommateurs épargnants sont de plus en plus exigeants en matière d'accès à des produits financiers de placement. Notre étude, qui a été initiée il y a cinq ans, vise à identifier les attentes et les comportements des épargnants. Ainsi, en 2005, elle confirme cette tendance de fond, et indique que depuis 2001, on assiste à une poursuite de la multibancarisation de la part des épargnants, en termes de placement.Dans le détail, on constate qu'en 2001, sur un échantillon de 700 personnes possédant un portefeuille de placements financiers de 7.500 euros et plus, 53% usaient de la "multibancarisation". En 2003, cette proportion est passée à 68%. En 2005, elle atteint 79% des personnes sondées. En outre, cette tendance se renforce chez les épargnants gérant des actifs de plus de 150.000 euros. Ainsi, sur un échantillon de 100 personnes disposant d'un portefeuille de 150.000 euros et plus, 67% de ces épargnants faisaient le choix de la "multibancarisation" en 2001. Ce taux atteignait 79% en 2003 puis 86% en 2005.Comment expliquez-vous cette évolution dans le comportement des épargnants?En 2003, par rapport à 2001, la crise des marchés a eu pour effet de montrer aux épargnants que certains fonds (Sicav ou FCP) avaient mieux résisté à la baisse des marchés que des produits qu'on leur avait proposés et qui réalisaient des performances médiocres. Cette tendance observée en période de crise se confirme en période de relâchement de la tension sur les marchés financiers. Ainsi, en 2005, après trois années de reprise des marchés financiers, les gens veulent que les établissements bancaires leur donnent accès aux meilleurs produits. S'ils ne le font pas, les épargnants vont chercher ailleurs ces offres. Les gens n'attendent pas que les banques proposent uniquement leurs propres produits. Ils veulent ce qu'il y a de meilleur et ne veulent pas se sentir "coincés" avec un seul établissement.Votre étude souligne d'ailleurs que les gens sont souvent insatisfaits des produits et des conseils proposés par leurs établissements financiers habituels...L'étude montre que lorsqu'il y a un rapport personnalisé entre une banque et son client, le résultat est positif. Mais les établissements bancaires ne font pas toujours cet effort. Ils ne sont pas toujours à l'écoute de l'épargnant qui a le sentiment que la banque favorise la vente de ses produits plutôt que la qualité de conseil. Les gens sont conscients des enjeux. Du coup, il y a une reprise en main de la part des clients vis-à-vis de leurs placements, comme c'est déjà le cas d'ailleurs vis-à-vis des crédits, qui sont de plus en plus souvent renégociés...Alors que votre étude démontre depuis cinq ans que les épargnants sont plus critiques vis-à-vis de leurs banques, avez-vous constaté une évolution de la part des établissements financiers?La France est un des derniers pays européens où les grands distributeurs de produits financiers sont "monomarques". Les autres pays sont davantage "multibancaires". Reste qu'il y a une évolution, depuis cinq ans, notamment chez les assureurs. Ils se montrent ouverts à des produits diversifiés et évoluent vers la gestion privée. Certains établissements bancaires mutualistes permettent par ailleurs aux clients d'avoir accès à des produits OPCVM et Sicav autres que les leurs. Mais dans les autres réseaux bancaires, on est encore loin d'avoir atteint un niveau comparable à celui des autres pays...
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