L'élection du dirigeant indien Evo Morales confirme le virage à gauche de l'Amérique du Sud

Petite "révolution" en Bolivie : un indien a remporté l'élection présidentielle, pour la première fois depuis la fondation de ce pays il y a 180 ans. La victoire du dirigeant indigène Evo Morales, chef de file des planteurs de coca, à la tête du Mouvement Vers le socialisme (MAS), représente un tournant décisif dans ce pays le plus pauvre d'Amérique Latine mais qui possède la deuxième réserve de gaz d'Amérique du sud, après le Venezuela.L'exploitation des énormes réserves de gaz boliviennes évaluées à 1.375 milliards de mètres cubes, suscite de plus en plus les convoitises des voisins chilien, brésilien et argentin, dans une région manquant cruellement de ressources énergétiques. Elle a été au centre des débats de la campagne pour les élections de dimanche dernier. En mai dernier, le Parlement a approuvé une loi sur les hydrocarbures, inspirée par le MAS (deuxième groupe parlementaire), octroyant un plus grand contrôle à l'Etat sur ce secteur et élevant les impôts pour les pétroliers. Les 26 compagnies pétrolières étrangères présentes dans le pays dont Total (France), British Gaz (GB), Petrobras (Brésil), Exxon Mobil (Etats-Unis), Repsol (Espagne) et Plus Petrol (Argentine), subissaient ainsi un changement unilatéral dans leurs contrats. Au cours de sa campagne, le nouveau président a souhaité une stricte application de cette loi et expliqué vouloir renégocier les contrats des compagnies étrangères qui deviendraient de simples prestataires de services. Il a par ailleurs annoncé vouloir conditionner la fourniture de gaz au voisin chilien, qui en a grand besoin, à une négociation sur un accès de la Bolivie à la mer, débouché perdu lors de la guerre du Pacifique contre le Chili en 1879.Fils de paysans pauvres, devenu au fil des ans un champion de la cause indienne, Evo Morales a promis de faire payer le prix fort aux multinationales étrangères qui exploitent les énormes gisements de gaz. Les recettes du gaz doivent, selon lui, bénéficier d'abord aux Boliviens.Il est devenu la bête noire des Etats-Unis également par ses prises de positions en faveur de la libre culture de la coca et par ses liens avec le président vénézuélien Hugo Chavez et le leader cubain Fidel Castro. Par son élection à la tête du pays, la Bolivie rejoint le "club" des pays hostiles au grand voisin du nord que sont, outre le Venezuela de Chavez, l'Argentine de Kirchner, le Brésil de Lula et l'Uruguay de Tabare Vazquez, tous des gouvernements de gauche, qui se sont récemment opposés au projet de ZLEA du président Bush.
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