Sans numérique, la mémoire fout le camp...

/>L'Union européenne, Google, Microsoft, s'activent à numériser les bibliothèques du monde. Un jour, le patrimoine écrit de l'Humanité pourrait être accessible partout dans le monde, à partir d'un écran. L'ère numérique ouvre de nouvelles perspectives à la diffusion de la mémoire écrite. Mais notre mémoire récente s'efface : tous les fonds d'archives audiovisuelles sont menacés. L'Unesco prévoit qu'en 2015, 80% des archives télévisuelles du monde auront disparu. Seule la numérisation peut sauver ces millions d'heures d'images et de sons enregistrés sur des supports magnétiques en voie de dégradation rapide. Et les machines de lecture, adaptées à ces formats anciens -les bandes vidéo 2 pouces, les cassettes vidéo Ÿ pouces - sont en voie de disparition. Elles retracent pourtant l'histoire de nos trente dernières années. Les supports films sur lesquelles furent enregistrés les débuts de la télévision résistent mieux, mais là aussi, le temps fait son oeuvre. Dans bien des régions du monde, il est déjà trop tard : la course contre la montre est perdue.Pour une fois, la France fait figure d'exemple. Le plan de numérisation des archives conservées à l'Institut national de l'audiovisuel (INA), initié en 1999, a déjà permis de faire migrer sur supports numériques 206.000 heures de programmes de télévision et 56.000 heures de radio. 835.000 restent menacées, et pour certaines, leur durée de vie n'excède pas cinq ans. Mais un coup d'accélérateur vient d'être donné au plan de sauvegarde. Le chantier est pharaonique, mais si la feuille de route est respectée, le rythme de numérisation va passer à 50.000 heures par an. Tout le fonds menacé serait alors sauvé en 2015 et mis à disposition du public par voie électronique. Une fois numérisées, les archives devront continuellement être transférées sur de nouveaux supports de stockage, au rythme de l'évolution des technologies. Mais le saut initial de l'analogique au numérique constitue le fossé le plus difficile à franchir.Le plan français est une goutte d'eau dans l'océan de cette mémoire mondiale qui s'effiloche. Dans le même temps, la production d'images numériques pour alimenter des réseaux qui se démultiplient suit une courbe de croissance exponentielle. Vers où ira cette humanité, entraînée dans ce flux qui enfle, et incapable de se retourner vers un passé qui s'efface? On dit qu'"un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir".
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.