Lancement en fanfare pour l'Airbus A380

La cérémonie a été à la hauteur de l'événement. Devant 5.000 invités, dont les dirigeants français, espagnol, allemand et britannique, l'Airbus A380 a été dévoilé à Blagnac (Haute-Garonne) au cours d'une présentation mêlant discours officiels et spectacle sons et lumières. Le constructeur a aussi profité de l'occasion pour présenter sur l'appareil ses nouvelles couleurs, un camaïeu bleu-gris-blanc.Précisant que les premiers essais en vol de cet avion de la démesure (voir ci-contre) auraient lieu "au tournant de mars, avril", Noël Forgeard, le patron d'Airbus, a qualifié ce programme gigantesque de "mélange de rigueur et de rêve". Des propos qui ont fait écho à ceux du Premier ministre britannique. Pour Tony Blair, "jamais l'expertise européenne n'avait atteint un tel niveau et mis sur le marché un produit de ce niveau technique (...) C'est l'apogée d'années de dur labeur".Mais c'est surtout la coopération à l'origine du projet que les dirigeants européens ont tenu à saluer. Tandis que Jacques Chirac a parlé de grande réussite pour l'Europe, José Luis Rodriguez Zapatero, le chef du gouvernement espagnol, a estimé que "rien ne peut arrêter l'Europe lorsqu'elle rassemble ses efforts, puisqu'elle devient leader dans l'innovation, la science et la technologie. L'Europe montre que ses objectifs n'ont pas de limites lorsqu'elle met toute sa détermination à travailler unie".Partant de ce même constat, le chancelier allemand a même appelé de ses voeux un élargissement de cette coopération. "Il y a des gens en Europe qui veulent réaliser des rêves identiques, par exemple en Russie", a souligné Gerhard Schröder, appelant à "rendre possibles de nouveaux partenariats". Rappelons que l'an passé, EADS (maison-mère d'Airbus) a annoncé son intention de prendre de 5 à 10% du constructeur russe d'avions de combat Irkut.Parmi les invités, Airbus a aussi pris soin d'accueillir des représentants des compagnies qui ont d'ores et déjà passé commande de l'appareil. Cette première présentation a ainsi été l'occasion pour plusieurs d'entre elles d'annoncer les configurations qu'elles ont retenues pour cet avion censé damer le pion au Boeing 747, avec une capacité qui pourra atteindre 800 passagers. Si Air France a décidé d'équiper ses avions de 538 sièges, Singapore Airlines a pour sa part fait le choix de "l'espace et du luxe" en limitant le nombre de sièges à 480. Mais la palme de l'originalité revient certainement à Virgin Atlantic qui veut faire de l'A380 "un produit très spécial" avec salon de beauté et casino embarqués.Au-delà des 139 avions déjà commandés par 13 compagnies (auxquels s'ajoute une option d'UPS pour 10 unités), Airbus a précisé qu'il comptait sur une commande de la part d'une compagnie chinoise avant Pâques. Il atteindrait ainsi aisément son premier objectif de 150 commandes à la mi-2005. Mais l'avionneur devra convaincre encore plus de clients pour rentabiliser son investissement, puisque le point d'équilibre se situe à 250 avions. Ce seuil pourrait être atteint en 2008 alors que sur toute la durée de vie du programme, Airbus vise 750 commandes, soit un chiffre d'affaires de 150 milliards de dollars.L'A380 pourrait donc devenir un véritable jackpot pour le groupe européen si, bien entendu, sa logique de transport de masse l'emporte face à celle de Boeing. Ce dernier a choisi une stratégie totalement différente en développant le 7E7, un long courrier d'une capacité de 200 à 300 places (voir ci-contre). Airbus a bel et bien pris un pari dans lequel il va maintenant jouer sa place de leader du marché.
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