Pas de surenchères en vue sur les autoroutes

Depuis la mi-juillet, le processus de privatisation des autoroutes est lancé. Le gouvernement français, qui a écarté les petits porteurs, attend désormais les offres des repreneurs intéressés d'ici au 22 août. La mise en vente, très rapide, devrait permettre de désigner les vainqueurs à l'automne.A priori, les candidats intéressés par la prise de contrôle des sociétés d'autoroutes ASF (détenue à 50,3% par l'Etat), Sanef (75,6%) et APRR (70,2%) devraient être nombreux. En effet, Vinci est un candidat naturel à la reprise d'ASF, puisqu'il détient déjà 23,4% du capital du groupe. Il est aussi très présent dans les autoroutes avec 65% de Cofiroute.Pour sa part, Bouygues (qui s'est retiré de la course le 28 juillet) avait fait clairement connaître son intérêt pour les autoroutes. "Si on nous propose une participation minoritaire, cela ne nous intéresse pas. Nous voulons une participation de contrôle", avait lancé en juin dernier Olivier Poupard-Lafarge, directeur général délégué de Bouygues. Quant à Eiffage, qui est partant pour une prise de participation minoritaire, il pourrait se pencher sur le dossier APRR.En outre, les "prédateurs" ne sont pas que nationaux. "L'espagnol Abertis est déjà très présent dans les autoroutes en Catalogne. Une acquisition d'ASF ou une prise de participation aurait du sens", estime ainsi Alexandre de Lestrange, analyste chez Standard and Poors. D'autres ibériques comme FCC, ou encore Acciona et Ferrovial, sont aussi susceptibles de se lancer dans une course au rachat des autoroutes françaises.La Bourse sereineEt pourtant, la Bourse affiche sa sérénité vis-à-vis des prix à payer pour les autoroutes en ne sanctionnant pas les titres des groupes de BTP concernés. "Il n'y a pas lieu de paniquer pour le moment", estime un analyste parisien. "La Bourse attend de connaître les plans de financement des groupes intéressés pour estimer l'impact sur les cours", ajoute le spécialiste qui précise que l'impact ne sera pas le même si les achats se font entièrement ou en partie par dette, si les groupes procèdent à une augmentation de capital, ou trouvent un partenaire financier."Des montages financiers complexes pourront être nécessaires pour mener à bien des opérations de rachat", ajoute Alexandre de Lestrange chez S & P. Qui précise que "la notation financière dépendra aussi de la forme que prendra l'opération". Un point qui a son importance, puisque l'Etat a indiqué comme condition à l'appel d'offre que les sociétés devront conserver un "rating" de qualité après les acquisitions.En outre, les valorisations actuelles des sociétés d'autoroutes limitent les risques de surenchère. ASF affiche en effet une progression de 45% sur un an et est valorisé à 19,2 milliards d'euros, dette nette de 8 milliards d'euros comprise. Sanef, qui a progressé de 15% depuis son introduction en Bourse en mars, cote également à ses plus hauts niveaux. Sa valeur d'entreprise, qui comprend une dette de 3,6 milliards d'euros (estimée à fin 2005) atteint 8 milliards d'euros. APRR est valorisé à 11 milliards d'euros, en prenant en compte une dette nette de 5,2, milliards d'euros. "Après la forte progression des titres autoroutiers, il est difficile de voir une prime importante sur les acquisitions", ajoute un analyste qui prévoit une prime modérée de l'ordre de 10% sur les cours actuels.D'autant plus que le récent désistement de Bouygues ne devrait pas jouer dans ce sens (voir ci-contre). Le groupe, qui indique qu'après réflexion, une acquisition d'une société d'autoroute telle qu'elle est proposée par l'Etat répond plus à des questions d'ordre financier qu'à des principes industriels. Il est en outre vrai que Bouygues a toujours été clairvoyant lorsqu'il s'agit de gros investissements : "Bouygues, qui a les moyens de ses ambitions, a toujours su faire preuve de bon sens, évitant de surpayer des acquisitions, comme en témoigne la prudence du groupe vis-à-vis de l'UMTS au moment de la bulle technologique", conclut un analyste.
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