Nouveau recul du marché du disque français en 2004

Difficile de jauger de l'état du disque français. Une nouvelle fois, l'année qui vient de s'écouler a été placée sous le signe du déclin: les ventes se sont effondrées de 14,3% en valeur et de 10,2% en volume, selon les chiffres dévoilés par le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) à Cannes à l'occasion du Midem. Toutefois, le deuxième semestre a été bien meilleur que le premier: les ventes ont limité leur recul à 7,3% sur la période juillet-décembre, contre un déclin de 22% sur la première partie de l'année.Une amélioration que les professionnels ne peuvent vraiment expliquer. "Peut-on voir là l'effet de nos actions judiciaires contre le piratage sur Internet? Nous l'espérons", a déclaré le président du SNEP, Gilles Bressand, lors de la conférence de presse annuelle. L'an passé, les maisons de disques ont commencé par lancer une vaste campagne de prévention contre les pirates puis ont entamé en fin d'année une cinquantaine d'actions au pénal et au civil contre des utilisateurs de réseaux d'échange "peer-to-peer". Une politique qu'elles comptent bien poursuivre en 2005. Reste que la corrélation entre téléchargement illégal et crise du marché du disque n'a jamais été scientifiquement établie.En tout cas, en dépit de l'amélioration de fin d'année, le SNEP reste "préoccupé" par l'état de santé du secteur: en deux ans, le marché a perdu 27% de sa valeur, passant sous le milliard d'euros en 2004 (953 millions d'euros de ventes soit 136 millions d'unités écoulées). Il est ainsi revenu au niveau de 1993, voire de 1991 en euros constants, au début de l'explosion du CD auprès du grand public. Les ventes de singles continuent d'être les plus touchées par la crise: elles ont régressé de 31,6% en valeur sur un an. En deux ans, le marché est passé de 39,3 millions d'euros d'unités vendues en 2002 à 23,6 en 2004. Quant aux albums, le chiffre d'affaires a chuté de 13,2% en valeur et de 7,8% en volume. En deux ans, le marché des albums a perdu 312 millions d'euros et 23 millions d'unités vendues. Reste que la musique francophone résiste: elle a représenté 66,1% des ventes de variété, soit presque 4 points de plus qu'en 2003. Autre effet de la crise, qui a engendré des plans sociaux dans toutes les majors françaises l'an passé: le nombre de contrats signés a dramatiquement reculé, tombant à 103 en 2004, soit un quart de moins qu'un an avant et 40% de moins qu'en 2002. Dans le même temps, 93 contrats ont été rendus. Face à cette crise des ventes physiques, les producteurs ont réaffirmé leur intention de promouvoir le téléchargement légal sur Internet. Mais pour l'instant, force est de constater qu'en dépit de la multiplication des sites Web, les ventes restent marginales, ayant plafonné à 8,5 millions d'euros l'an passé (dont 1,9 million pour le téléchargement et 6,6 pour la téléphonie mobile). En 2005, les professionnels vont plutôt tenter d'améliorer l'exposition de la musique dans les médias, télévision et radio. "Les radios sont en train de cramer ce qui ne leur appartient pas en diffusant la même chanson toutes les deux heures, s'est insurgé le président d'Universal Music France, Pascal Nègre. Pourquoi voulez-vous que les gens achètent des titres qu'ils entendent toute la journée à la radio?"
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