"Le Crédit Agricole doit mener une véritable réorientation stratégique"

latribune.fr- Pourquoi la nomination de Georges Pauget à la tête du Crédit Agricole a-t-elle été autant saluée par la Bourse ?Scander Bentchikou- Les marchés restent sur une déception. Même si son prédécesseur Jean Laurent a introduit le Crédit Agricole en Bourse et l'a fusionné avec le Crédit Lyonnais, il n'a pas donné de réelles impulsions au groupe. Calyon (la banque d'investissement du Crédit Agricole) a détruit beaucoup de valeur et ses revenus ont chuté de 20% lors de la fusion. Après le départ de nombreuses équipes du Crédit Lyonnais, il a fallu les reconstituer. Cela a généré beaucoup de coûts qui ont complètement détruit les synergies créées en parallèle. Avec tous ces problèmes structurels à régler, Jean Laurent n'a pas élaboré de stratégie de développement à long terme. Le problème est que les marchés aiment se projeter dans l'avenir. La nomination d'un homme fort qui affiche de nouveaux projets et ambitions pour la banque est une chose qui séduit les investisseurs.Quels sont les défis à relever pour la nouvelle direction de la banque verte ?Le Crédit Agricole doit mener une véritable réorientation stratégique. La banque doit indiquer comment elle compte se développer, dans quels domaines et dans quelles régions du monde. Elle doit également indiquer si elle compte procéder à des acquisitions. La stratégie du Crédit Agricole en Italie, avec sa participation de 18% dans Banca Intesa, est très attendue. Evidemment, la relance de Calyon est aujourd'hui indispensable pour que le Crédit Agricole puisse devenir une grande banque européenne, comme il l'ambitionne. Le développement dans le métier du crédit à la consommation est aussi l'un des chantiers principaux auxquels la banque mutualiste doit s'attaquer. Enfin, les performances décevantes de la banque de détail au premier trimestre doivent être prises au sérieux.Calyon a-t-elle les capacités de se hisser à la hauteur des autres grandes banques européennes ?C'est un véritable défi dont la réussite n'est pas acquise, même si la banque a beaucoup recruté. Plusieurs cadres de la Société Générale ont d'ailleurs été débauchés pour les activités de dérivés actions. Mais on ne devient pas leader dans ce domaine du jour au lendemain. En ce qui concerne la gestion d'actifs, le rachat de Nextra à Banca Intesa est un bon début. Mais d'une manière générale, le développement de Calyon risque d'être long et laborieux. Face à eux, il y a tout de même des poids lourds tels que UBS, Deutsche Bank, CSFB, Goldman Sachs... Dans ce domaine, l'arrivée de Georges Pauget n'apporte d'ailleurs pas grand-chose puisqu'il n'a jamais dirigé des activités de marché. Si le Crédit Agricole est muni d'une plate-forme rentable et bien organisée en 2008, ce sera déjà satisfaisant.Quel va être l'impact de la création de la future banque postale sur les activités du Crédit Agricole ?Le Crédit Agricole est exactement implantée dans les mêmes zones, très rurales, que La Poste. Face à l'agressivité commerciale que déploiera la banque postale, une partie de la croissance des encours de crédit de la banque mutualiste va baisser et être captée par La Poste. Mais l'impact devrait être relativement limité pour le véhicule coté (Crédit Agricole SA-CASA). En effet, ce sont les caisses régionales qui seront directement touchées par la création de la banque postale. Ces dernières n'ont représenté que 16% du résultat de CASA en 2004.Introduit fin 2001 à 16,6 euros, le titre vaut aujourd'hui 22,6 euros. Comment le voyez-vous évoluer ?Depuis quelques mois, le titre a un peu rebondi mais sa progression n'est pas exceptionnelle. Si le Crédit Agricole mène à bien tous ses projets, comme la relance de Calyon ou le développement à l'étranger, il prévoit un bénéfice par action de 2,71 euros pour 2007. Dans ce cas, nous prévoyons que son cours devrait atteindre entre 25 et 26 euros, ce qui n'est pas un objectif très élevé. Le seul moyen pour le Crédit Agricole de voir son cours augmenter de manière significative serait... la démutualisation du groupe. Ce qui n'est pas prêt d'arriver.
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