Internet dans les campagnes, l'embarras du choix

Affranchir l'accès Internet de la prise téléphonique: on en rêvait. Les courants porteurs en ligne le font. La première offre commerciale qui permet de brancher son ordinateur sur la prise électrique pour surfer sur le réseau a été lancée ce 22 avril dans le département de la Manche. Les CPL, ou Courants Porteurs en Ligne, permettent d'accéder à l'Internet à haut débit grâce au réseau électrique. Cette technologie vise avant tout les "zones blanches", quelque 10.000 communes non couvertes par l'ADSL. Il suffit d'enrouler de la fibre optique autour des pylônes électriques, d'utiliser l'installation électrique d'un bâtiment et de brancher un modem sur la prise électrique. Pas de câblage, une installation moins onéreuse que l'ADSL, et un maillage complet du territoire: les CPL ont l'avantage de la simplicité... La Manche a passé un accord avec RTE (Réseau de transport de l'électricité, filiale d'EDF), investi 3 millions d'euros et acquis pour 15 ans le droit d'usage des fibres qui pourront être mises à disposition d'un opérateur télécoms. Jamais en reste quand il s'agit de nouvelles technologies, Patrick Devedjian, le ministre délégué à l'Industrie, participe à ce lancement à La-Haye-du-Puits dans la Manche, une agglomération de 2.000 habitants. Le même ministre a récemment pris position afin d'accélérer l'attribution de fréquences WiMax, cette technologie hertzienne sans fil qui promet des débits bien plus élevés que le WiFi, et assurerait la couverture de tout un département avec quelques stations émettrices. Actuellement, un seul opérateur, Altitude Télécom, a une licence WiMax et trois départements testent cette technologie: la Vendée, le Calvados, l'Orne. Deux sur trois sont des voisins directs de la Manche, terre d'élection, elle, des courants porteurs.Vue la portée des émetteurs, le WiMax pourrait toutefois toucher lui aussi la Manche. De son côté, RTE a annoncé sa volonté de déployer d'ici à 2009 environ 15.000 kilomètres de fibres optiques via le réseau électrique. Avec cet investissement de 270 millions d'euros, il constituera le quatrième réseau télécoms du pays. Dans une Europe où la concurrence libre et non faussée pourrait devenir une valeur constitutionnelle, proposer deux modes d'accès Internet pour les zones blanches est plutôt sain. Mais il s'agit de zones à faible population, non desservies par l'ADSL faute de rentabilité. Est-il rationnel alors de laisser se développer la concurrence entre deux technologies - courants porteurs ou WiMax - qui risquent de se cannibaliser l'une l'autre? A-t-on besoin d'un quatrième réseau télécoms, ou au contraire d'améliorer un réseau déjà existant? En termes d'aménagement du territoire, une allocation globalement raisonnée des investissements et des ressources pourrait être plus efficace que les seules vertus de la concurrence.
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