Investissements, stocks et commerce extérieur plombent le PIB au troisième trimestre

Alors que la contribution négative des stocks était attendue et que le commerce extérieur reste défavorable, le net ralentissement des investissements a également pesé sur la croissance zéro du troisième trimestre. Seule la consommation des ménages se maintient.

Le détail de la croissance zéro du troisième trimestre publié par l'Insee ce matin prouve la fragilité de la croissance française. Simple effet de flux, les stocks ont reculé de 0,3%. Compte tenu du restockage massif de 0,9% au deuxième trimestre, ce recul des stocks apparaît moins élevé que prévu. "La poursuite d'une contribution négative des stocks au quatrième trimestre n'est donc pas improbable", indique Marc Touati, économiste chez Natixis. Mais les éléments plus symptomatiques des faiblesses de l'économie françaises se sont également manifestés

Preuve que les chefs d'entreprises n'ont pas vraiment confiance en l'avenir et constatent une érosion de leur carnet de commandes, les investissements ont nettement ralenti, en progression de 0,5% seulement contre 1,6% au deuxième trimestre. "Toutes les branches manufacturières ont vu leur activité reculer durant cette période. La palme du décrochage revient à l'automobile qui termine le trimestre avec un acquis de croissance de -7,9%", explique Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. Seul l'investissement des ménages, une fois de plus présents pour soutenir la croissance française, accélère légèrement, de 0,7% après 0,5%.

De leur côté, les exportations reculent de 0,7% après une croissance de 1,1% au deuxième trimestre. Il s'agit de la première baisse depuis le premier trimestre 2005. "Alors qu'il est difficile de blâmer l'environnement international encore favorable entre juillet et septembre, ce recul traduit surtout le problème de compétitivité française", indique Nicolas Bouzou. "Outre le problème de la vigueur de l'euro, la spécialisation sectorielle et géographique de nos exportations reste la même, c'est-à-dire mauvaise", renchérit Marc Touati. Mais ce recul se trouve plus que compensé par un retrait des importations, qui ne progressent pas après un bond de 2,8% au trimestre précédent. Au total, le solde extérieur contribue pour -0,2 point à l'évolution du PIB, après -0,6 point.

Seules les dépenses de consommation des ménages progressent sur un rythme proche de celui du trimestre précédent, en hausse de 0,6% après 0,7%, et contribuent ainsi pour 0,3 point à l'évolution du PIB. Mais dans ce contexte général, l'optimisme de Thierry Breton affiché hier sur Europe 1 peut surprendre. Le ministre de l'Economie et des Finances table sur une croissance comprise entre 0,6% et 0,8% au quatrième trimestre, et dans une fourchette de 2 et 2,5% sur l'année.

Alors que l'acquis de croissance de 1,9% fin septembre peut laisser espérer une augmentation annuelle du PIB en bas de la fourchette fixée pour le budget de l'Etat, les faiblesses de l'industrie et des exportations françaises laissent sceptiques quant à la prévision de Thierry Breton pour les trois derniers mois de l'année. "La croissance en 2006 devrait atteindre 2,1%; en 2007, elle devrait reculer à 1,9% en raison de la baisse de la demande étrangère liée au ralentissement ainsi que la stabilisation des salaires", estime Luca Silipo, économiste chez Ixis.

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