Grouper les hôpitaux pour répondre aux enjeux de la démographie médicale

Un rapport du Professeur Berland sur la démographie médicale hospitalière a été remis aujourd'hui au ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Il recommande notamment de créer une structure de coopération interhospitalière.

Au cours des vingt prochaines années, les effectifs de médecins et la densité médicale vont considérablement diminuer. Certes, l'hôpital sera moins touché que la médecine libérale en termes d'effectif global, mais le risque est de voir s'installer des déséquilibres selon les spécialités, les établissements et surtout les territoires.

Aussi le ministre de la Santé a-t-il chargé en mars dernier le Professeur Yvon Berland, président de l'Observatoire national des professions de santé, de formuler une série de propositions pour assurer à l'avenir une permanence des soins partout en France. Dans son rapport, remis hier au ministre, le Professeur Berland propose notamment la création d'un nouvel échelon d'établissement, un "Groupement hospitalier territorial" qui accueillera des médecins exerçant sur plusieurs sites et ayant accès à la totalité des plateaux techniques des hôpitaux membres du Groupement.

Cette gestion mutualisée permettrait de constituer des équipes médicales par spécialité, accessibles à tous les patients selon un maillage territorialisé. Une autre mesure forte consisterait à modifier le système de formation des médecins hospitaliers, afin d'influencer la démographie hospitalière.

Face au risque d'une "diminution dramatique des effectifs dans certaines spécialités", le rapport préconise d'identifier les filières au cours de l'internat pour être en mesure d'établir des prévisions d'effectifs par spécialité. Et devant la répartition inégale, selon les régions, du nombre d'étudiants admis en deuxième année ou en troisième cycle (internes), Yvon Berland recommande un rééquilibrage régional ou interrégional des affectations des étudiants.

Par ailleurs, pour faire face au fossé qui ne va pas manquer de se creuser entre une offre médicale en recul et des besoins qui ne cesseront d'augmenter, le Professeur recommande d'envisager au plus vite la délégation de tâches, notamment en direction des infirmières. L'idée est d'alléger l'activité des spécialistes médicaux et chirurgicaux, pour qu'ils puissent se recentrer sur les missions qu'eux seuls peuvent exercer.

Enfin, le rapport souligne qu'il est grand temps de "désamorcer la bombe à retardement" que constitue le compte épargne temps (CET) et qui permet aux médecins d'épargner leurs jours RTT (réduction du temps de travail) et de congés non pris. En effet, à fin 2005, plus de 898.000 jours étaient épargnés, soit "l'équivalent de 4.343 années de praticiens temps plein", selon le rapport, ce qui risque d'aboutir dans les dix prochaines années à de longs congés sabbatiques ou à des départs à la retraite anticipés.

Pour résoudre ce problème, Yvon Berland demande à ce que les hôpitaux puissent rémunérer les jours du CET, "pour ne pas risquer, dans un avenir proche, une chute importante et brutale de la ressource médicale".

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