"Il faut prendre les chiffres du PIB avec la plus grande précaution"

Directeur adjoint au département analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Eric Heyer s'attend à un lissage, à terme, des chiffres de la croissance française des deuxième et troisième trimestres, de respectivement 1,2 et 0%. En moyenne, l'Insee révise d'un demi-point ses prévisions de croissance annuelle.

Latribune.fr - Que pensez-vous de la croissance zéro au troisième trimestre en France, confirmée ce matin par l'Insee?

Eric Heyer - Ces chiffres nous ont surpris, de la même façon que la forte croissance de 1,2% enregistrée au deuxième trimestre. Il est probable que les révisions apportées par la suite lisseront un peu ces évolutions erratiques. Publiées en "première version" durant l'année en cours, les statistiques de croissance font l'objet de trois révisions durant les trois années qui suivent cette publication: les chiffres provisoires succèdent à la première version, puis ce sont les chiffres semi-définitifs et définitifs. En moyenne, ces derniers sont différents d'un demi-point de croissance de la première estimation, et les évolutions trimestrielles varient également beaucoup.

Quel est le signal le plus inquiétant du détail de la croissance publié ce matin?

La contribution négative du commerce extérieur. Alors que la demande intérieure, investissement compris, a grimpé de 0,5%, les importations sont nulles. Ceux qui craignent que le dynamisme de la consommation domestique ne profite trop à l'extérieur peuvent donc se rassurer. Ce n'est pas non plus la production qui a permis d'alimenter la demande intérieure. Seul le déstockage y a contribué. Le recul des exportations de 0,7% n'est pas un bon signe. Les raisons de ce déclin étaient présentes avant le mois de juillet. Parmi elles figurent la vigueur de l'euro, le mauvais positionnement géographique des exportations françaises et le recul des coûts salariaux allemands qui assèche la demande de notre principal partenaire commercial et augmente la productivité des produits allemands. De son côté, la croissance de 3,3% des investissements depuis le début de l'année est correcte.

Pensez-vous que la prévision de croissance de Thierry Breton au quatrième trimestre, comprise entre 0,6 et 0,8%, soit tenable?

Oui, nous tablons sur une augmentation du PIB comprise entre 0,4% et 0,7%. De fait, rien dans les enquêtes de conjoncture n'explique le ralentissement français, qu'il s'agisse de l'industrie, des services ou des ménages. Le sentier de croissance dessiné par ces enquêtes correspond à celui du ministre de l'Economie.

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