La performance absolue, un rêve devenu abordable

Ces fonds qui promettent de faire mieux que le monétaire sans perte en capital naviguent entre l'effet de mode, le jeu marketing et la vraie innovation financière. Mode d'emploi de la performance absolue.

Le rêve de tout épargnant de long terme est de pouvoir valoriser raisonnablement son capital sans pour autant le mettre en danger. Une problématique devenue cruciale dans le cadre du financement des retraites. Autrement dit, obtenir une performance supérieure au monétaire, par exemple d'environ trois cent points de base, sans trop augmenter le niveau de risque.

Les obligations indexées sur l'inflation pourraient apporter une première réponse, mais les rendements anticipés restent trop faibles, et l'investissement en actions est porteur d'un potentiel de gain plus fort sur longue période. En contrepartie, les marchés actions se caractérisent par une volatilité plus importante. Or l'appétence au risque varie selon le profil psychologique de chaque investisseur, mais aussi de son âge, de sa situation professionnelle, de son environnement patrimonial.

"Les investisseurs ont besoin de solutions de placement offrant une réelle lisibilité en termes de performance anticipable pour une configuration de marché donnée", résume Cyril Toma, spécialiste produit chez JPMorgan Asset Management. Les gestionnaires d'actifs ont donc développé, au sein de leurs gammes, des fonds proposant l'accès à une " performance absolue ", supérieure au monétaire et qui donne en même temps priorité à la préservation du capital.

L'offre est abondante et multiple, et peut même donner lieu à confusion sur la nature des fonds. Car, en France, l'appellation " performance absolue " regroupe en fait au moins deux grandes familles de fonds : d'une part des supports qui recherchent la neutralité par rapport au marché à l'aide de techniques alternatives ou qui s'apparentent à cet univers de gestion (couvertures, ventes à découvert), et d'autre part des véhicules de placement qui pratiquent en fait une gestion active directionnelle avec un objectif de performance quantifié par rapport au rendement monétaire (Euribor + plusieurs centaines de points de base). Le niveau de risque n'est donc pas du tout le même, même si les objectifs de performance peuvent se rejoindre !

C'est la raison pour laquelle Standard & Poor's a éprouvé le besoin de réétudier les critères de classification de ce segment de la gestion collective pour créer une catégorie " performance absolue ", forte actuellement d'une quarantaine de fonds commercialisés dans l'Hexagone, dont une dizaine fait à ce stade l'objet d'une notation qualitative par S&P. " Un fonds ayant un objectif affiché de performance absolue n'est pas forcément classé dans le secteur Performance Absolue de S&P " relève ainsi Ludovic Jouvray, directeur des opérations de S&P Fund Services France.

Sont a priori exclus de l'univers les fonds à capital garanti qui peuvent revendiquer un " rendement absolu " (et non pas une " performance absolue " - nuance importante) et dont le but est de ne pas perdre d'argent dans des conditions de marché difficiles, alors que, précise Ludovic Jouvray, " les fonds à performance absolue ont pour objectif d'en gagner dans toutes les situations de marché "...Mais, au final, ils peuvent aussi en perdre!

La dénomination du produit peut donc être trompeuse, même si elle est volontairement explicite chez certains établissements. Dans ce registre sémantique de protection et de valorisation combinée du capital, Invesco offre ainsi des fonds tels que Capital Shield ou Bond Return Plus, et JP Morgan AM propose JPM Global Capital Preservation ou JPM Global Total Return. Tous, par des chemins différents, visent un rendement " Euribor + 3 à 5 % " selon les cas.

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