La guerre interne se développe chez Safran

La direction du groupe d'aéronautique et de défense affirme avoir découvert des irrégularités comptables pouvant affecter les comptes à hauteur de 100 millions d'euros et a porté plainte pour "abus de biens sociaux". Le groupe est en pleine guerre de clans à l'approche d'un conseil de surveillance qui pourrait décider de changements à sa tête.

L'ambiance ne cesse de se détériorer chez Safran, à l'approche du conseil de surveillance de mardi prochain, qui pourrait se traduire par des changements à la tête du groupe. Ce week-end, le groupe de haute technologie et de défense a annoncé la découverte d'irrégularités comptables et a porté plainte pour "abus de biens sociaux".

Safran a ainsi annoncé dans un communiqué avoir détecté des irrégularités comptables dans sa filiale Sagem Défense Sécurité qui pourraient avoir un impact cumulé de 100 millions d'euros sur les comptes de la branche correspondante du groupe.

Les irrégularités comptables, qui auraient été réalisées par l'ancien directeur financier de Sagem Défense Sécurité, ont été découvertes après le limogeage de l'ancien président de cette filiale, Jacques Paccard, le 20 novembre dernier.
"Après la révocation de Monsieur Jacques Paccard de la présidence de la société Sagem Défense Sécurité par l'assemblée générale du 20 novembre 2006, il a été découvert que ce dernier avait licencié, avant son départ, trois personnes dont le directeur financier de Sagem Défense Sécurité", écrit le groupe.

"Il a été également constaté que les fichiers informatiques tenus par ce dernier avaient été effacés avant son départ. Après reconstitution de ces fichiers, des investigations ont été entreprises. Il ressort des premières analyses effectuées en liaison avec les commissaires aux comptes, et avec l'assistance d'un cabinet d'audit, que des écritures comptables inexpliquées ont été passées par l'ex-directeur financier", ajoute Safran.

"Leur correction est susceptible d'affecter les comptes de Sagem Défense Sécurité, tant des exercices antérieurs que de l'exercice 2006. L'estimation des incidences de ces corrections est actuellement en cours et pourrait avoir, sur les comptes de la branche Défense Sécurité du groupe Safran, un impact susceptible d'atteindre 100 millions d'euros", ajoute la société.

Dans une lettre datée du mercredi 29 novembre et obtenue par Reuters, Jean-Paul Béchat accusait déjà Jacques Paccard d'avoir licencié fictivement, pour faute grave, trois de ses proches collaborateurs, dont le directeur financier, à des conditions financières très avantageuses pour les intéressés, qui auraient reçu quatre années et demie de salaire chacun. Safran a d'ailleurs annoncé samedi avoir déposé le 29 novembre une plainte contre Jacques Paccard pour "abus de biens sociaux" dans cette affaire.

Contacté par l'AFP, Jacques Paccard a affirmé "ne pas avoir connaissance" d'une telle plainte, et s'est dit "stupéfait de voir que des informations préliminaires non confrontées et non vérifiées sont divulguées sans aucune concertation avec les instances dirigeantes du groupe".

Revenant sur les raisons qui l'ont conduit à licencier le directeur financier, M. Paccard a souligné que ce licenciement était "la conséquence directe" de son propre licenciement. "Le directeur financier a été à l'origine des prévisions financières qui m'ont ensuite été reprochées comme manquant de fiabilité", a justifié M. Paccard.

Réagissant à ces derniers développements, le Groupement des actionnaires salariés de Safran, qui affirme représenter 21% des droits de vote du groupe, a publié un communiqué dans lequel il affirme être "profondément choqué par les nuisances graves occasionnées par les récents agissements de M. Béchat", actuel président du directoire de Safran. Selon le Groupement, les accusations portées par Safran sur les écritures comptables inexpliquées ont été faites "dans l'improvisation et la précipitation".

Le groupement des actionnaires salariés trouve donc "inacceptable et particulièrement irresponsable qu'un mandataire social, sur le point d'être évincé, porte atteinte de manière grave au groupe Safran, à ses salariés et à ses actionnaires".

Selon l'agence Reuters, Safran demandera la suspension de la cotation de son action lundi matin avant l'ouverture du marché.

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