Man n'exclut pas de rendre son offre sur Scania "plus attractive"

Le conglomérat allemand MAN a reçu mercredi soir la bénédiction de la Commission européenne pour s'emparer du constructeur suédois de poids lourds Scania. Malgré le feu vert de Bruxelles, le groupe allemand aura des difficultés à s'emparer de son rival suédois. Le groupe réfléchit donc à rendre son offre sur Scania "plus attractive".

La Commission européenne a annoncé mercredi soir avoir autorisé le constructeur automobile allemand MAN à poursuivre son offre sur son rival suédois Scania. "Après une enquête menée sur tous les marchés concernés, la Commission a conclu que la transaction proposée n'aurait pas d'impact négatif sur la concurrence au sein de la zone économique européenne [...]", précise la Commission dans son communiqué.

Dans le document, le commissaire européen à la Concurrence, Neelie Kroes, souligne que "la concurrence sur les prix et la technologie sera maintenue à l'avenir dans le secteur des camions et des autobus, ce alors que les considérations environnementales sont de plus en plus importantes."

Lors de son enquête, la Commission a observé que la nouvelle entité détiendrait une part de marché relativement élevée sur le marché suédois des autobus urbains, les marchés espagnols et portugais des bus interurbains et des cars de tourisme ainsi que sur le marché autrichien des poids lourds. Pourtant, estime-t-elle, "même après l'acquisition proposée", ces marchés "resteraient compétitifs car la nouvelle entité sera toujours confrontée à une concurrence importante de la part d'un certain nombre d'autres fabricants importants comme DaimlerChrysler, Volvo, Iveco et DAF".

MAN a lancé le mois dernier une offre publique d'achat non sollicitée de 10,2 milliards d'euros sur Scania. Malgré le feu vert de Bruxelles, le groupe allemand ne peut pas encore s'emparer de son rival suédois faute du soutien non seulement de la direction de Scania et de son président Leif Östling, mais aussi des syndicats et surtout de l'un de ses deux actionnaires clé, la famille Wallenberg qui détient directement et indirectement 30,64% des droits de vote. L'offre, qui expire le 31 janvier, est pour l'instant conditionnée à l'obtention du soutien de 90% des actionnaires.

"Cette décision favorable de l'Union européenne constitue un signal décisif et constitue un soutien clair pour former un champion européen", s'est félicité Hakan Samuelsson, le président du directoire de MAN, dans un communiqué. Quant à la porte-parole de Scania, Cecilia Edstrom, elle a déclaré que la décision de Bruxelles était attendue et qu'elle ne changeait pas l'avis négatif de son groupe sur le projet. "Nous examinons cette opération d'un point de vue strictement commercial, donc cela ne change rien", a-t-elle dit.

Hier soir, Hakan Samuelsson, passé chez MAN en 2001 après toute une carrière chez Scania, n'a pas exclu de rendre plus attractive son offre grâce à des conditions légèrement modifiées. "Nous allons réfléchir pour voir si nous ne pouvons pas rendre notre offre plus attractive, mais pas en proposant plus à priori", a-t-il déclaré devant quelques journalistes sans dévoiler quelle était sa marge de manoeuvre potentielle. MAN offre pour le moment 475 couronnes suédoises par action Scania, en actions et en cash, ce qui valorise le groupe autour de 10,2 milliards d'euros. "Nous avons un projet solide" a-t-il défendu, se montrant assez sûr au final d'aboutir à ses fins malgré l'opposition farouche du patron de Scania et des syndicats qui estiment ne pas voir l'intérêt d'un tel projet.

Hakan Samuelsson, qui a reconnu que cette année il n'enverrait pas à son ancien collègue contrairement à l'an passé ses voeux, a assuré qu'il n'était pas question que le constructeur suédois perde son indépendance. Après une année record pendant laquelle MAN aura écoulé plus de 80.000 camions (+ 17%) sur le marché et démarré la production en Inde et en Pologne, il estime par ailleurs avoir diminué de moitié le handicap de compétitivité par rapport à Scania. Jusqu'à présent, les coûts de production horaires étaient 20% inférieurs chez son concurrent. "Nous n'avons pas besoin de Scania pour réduire nos coûts mais pour les économies d'échelle qu'un tel mariage peut apporter" a ajouté le président de la division camions, Anton Weinmann. Aujourd'hui MAN détient une part du marché européen de 15,8% et de moins de 3% sur le plan mondial.

Pour l'exercice 2006, le groupe va réaliser un bénéfice opérationnel supérieur au milliard d'euros, a annoncé par ailleurs le directeur financier, Karlheinz Hornung. L'an passé, il avait atteint 674 millions. Le carnet de commandes devrait avoir atteint au 31 décembre quelque 15 milliards d'euros. Et 2007 promet d'ores et déjà d'être un excellent cru, a-t-il assuré. "Nous avons atteint les bases qui nous permettent de penser avec sérénité à notre acquisition" estime t-il.

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