François Pinault en embuscade sur le dossier Suez

L'homme d'affaires étudie une OPA sur Suez en vue d'un démantèlement qui lui permettrait de garder l'eau et la propreté et de céder l'énergie à Gaz de France, rapporte ce matin "Le Figaro". Le quotidien souligne que si François Pinault n'a pas encore approché GDF il "s'en serait ouvert" la semaine dernière au Premier ministre Dominique de Villepin. Gérard Mestrallet, patron de Suez, refuse de commenter ces informations.

François Pinault, actionnaire de référence du groupe de luxe et de distribution PPR, étudie une OPA sur le groupe Suez en vue d'un démantèlement qui lui permettrait de garder l'eau et la propreté et de céder l'énergie à Gaz de France, rapporte ce matin "Le Figaro".

Le quotidien indique qu'après avoir envisagé l'été dernier une opération avec Enel, l'homme d'affaires "réfléchit à un nouveau schéma: le lancement d'une offre sur Suez, assortie d'un accord avec Gaz de France, à qui il revendrait la partie énergie pour ne conserver que les activités eau et propreté". Interrogé, un porte-parole de François Pinault se refusait ce matin à tout commentaire.

"En grandes masses, cela reviendrait à débourser quelque 60 milliards d'euros -pour offrir une prime aux actionnaires de Suez, qui vaut aujourd'hui 48 milliards en Bourse- puis en récupérer environ 40 auprès de GDF", ajoute Le Figaro. Le quotidien souligne que si François Pinault n'a pas encore approché GDF, il "s'en serait ouvert" la semaine dernière au Premier ministre Dominique de Villepin. Ce dernier "ne serait pas enthousiaste", même si l'initiative vient d'un homme d'affaires réputé proche du président de la République, Jacques Chirac.

Interrogé au sujet de cette possible OPA, le PDG de Suez Gérard Mestrallet a indiqué aujourd'hui n'avoir "aucun commentaire à faire". Il a insisté sur le fait que les pôles énergie et environnement du groupe "se développent et travaillent ensemble en complémentarité", ce qui contrarie un projet de démantèlement des activités. Gérard Mestrallet a par ailleurs confirmé que Suez atteindra un bénéfice net part du groupe en 2006 "proche de 3,5 milliards d'euros", ce qui représente "le plus haut niveau historique, puisque le précédent était l'année dernière, et c'était 2,5 milliards d'euros".

Reste que cette solution d'une OPA n'est pas pour déplaire à tous. Ainsi, pour Colette Neuville, la présidente de l'Association des actionnaires minoritaires (Adam), une OPA sur Suez semble être une "solution qui paraît extrêmement astucieuse, et qui permettrait de résoudre tous les problèmes qui ont fait obstacle à la réalisation de ce pôle énergie qui plaît à tout le monde", a-t-elle confié à l'AFP. "Voir venir une OPA en cash, c'est Noël", a ajouté la présidente pour qui "on sait très bien qu'il y a des choses qui se préparent. Mais cette solution là, elle paraît vraiment idéale, puisque ça permettrait de sortir les actionnaires de la situation de confusion dans laquelle ils sont depuis plusieurs mois".

Cette rumeur de projet de rachat de Suez par François Pinault revient sur le devant de la scène alors que le projet de fusion entre Suez et GDF est menacé depuis que le Conseil constitutionnel a validé la privatisation tout en ordonnant qu'elle ne soit effective qu'après le 1er juillet 2007. A cette date, le marché sera totalement ouvert à la concurrence, ce qui fera tomber la notion de service public national. En attendant, les protagonistes semblent bloqués par la perspective de l'élection présidentielle du printemps prochain.

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