Honneur, amour et fantaisie

L'Espagnol Lope de Vega fait son entrée au répertoire de la Comédie Française à Paris. La mise en scène de sa pièce "Pedro et le commandeur" par Omar Porras, portée par la fougue et le plaisir évident des comédiens, est une belle réussite.

C'est un paysan plutôt riche, le Pedro Ibanez. Et la belle Casilda affole la campagne alentour. Entre les deux, le grand amour finit par arriver. Ils se marient, la fête au village d'Ocana est grande. Mais il y a le commandeur, Don Fadrique. Il vient de sortir d'un léger coma pour cause de mauvaise rencontre avec un 'toro'! En ouvrant les yeux, il tombe fou de désir pour la jeune femme qui est aux p'tits soins pour lui, comme les autres du village.

Et ce sera suspense grandissant au coeur du triangle royal d'Espagne formé par les cités d'Ocana, Tolède et Madrid. Bien sûr, entre "Pedro et le commandeur", c'est le titre de la pièce de Felix Lope de Vega, il va y avoir des coups de sang, une course au stratagème pour que l'un ait la "peau" de l'autre.

Tout cela, il faut le voir et l'entendre parce qu'il y a, en plus, un vrai brin de folie sur la scène de la Comédie Française. Parce qu'on devine derrière ce propos quelques thèmes que l'on appellerait aujourd'hui une lutte des classes. Ce qui est vrai. Mais l'auteur espagnol (1562-1635) avait mieux à dire en son temps avec les questions d'honneur pour mieux critiquer, derrière la fantaisie et la pantomime que dégage sa pièce, la société de son époque et le rôle du Roi en ce qu'il devait dicter l'ordre juste.

Le metteur en scène colombien Omar Porras fait donc entrer de belle façon Lope de Vega au répertoire de la maison de Molière. Les scènes des trois actes vont grand train et les comédiens prennent manifestement un énorme plaisir à forcer le rythme. La scénographie (décor de Fredy Porras) très inventive nous fait voyager dans un monde de rêve entre Douanier Rousseau et Vélasquez.

Tout est baigné de chants et de danses, avec des espagnolades en forme de clins d'oeil. Le couple royal peut apparaître comme suspendu au ciel... N'est-ce pas ainsi que doivent venir les sanctions divines? On regrettera quand même cette manie chez les Porras d'affubler leurs comédiens de masques (ils sont de Freddy). Ce n'est pas la commedia dell'arte ni guignol. Les voix des personnages semblent toutes prises façon gros rhume, ce qui n'aide pas toujours à la compréhension. Le maquillage, ça existe aussi...

Quoiqu'il en soit, ce "Pedro et le commandeur" met en joie. C'est une fable pour tous. Donc mieux que recommandable.


"Pedro et le commandeur": en alternance jusqu'en juin 2007 à la Comédie Française. Tél: 08 25 10 16 80.
A voir aussi pendant ces fêtes un charmant et intelligent spectacle musical au Studio Théâtre (petite salle de la Comédie Française située dans la Galerie du Carrousel du Louvre): "Ophélie et autres animaux" de Jacques Roubaud dans une mise en scène de Jean-Pierre Jourdain. Jusqu'au 14 janvier à 18h30 (spectacle d'une heure). Tél: 01 44 58 98 58.

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