Un nid douillet dans un monde cruel

"Le grand appartement", une comédie de moeurs de Pascal Thomas. Les tribulations d'une tribu familiale qui s'accroche dans un appartement au loyer loi de 1948.

A sa manière, toujours très enjouée, Pascal Thomas, spécialiste de la comédie de moeurs ("Pleure pas la bouche pleine", "La dilettante"), traite d'un sujet sérieux: la difficulté de se loger à prix raisonnable dans Paris. Mais cette comédie grand public où il a mis beaucoup de son histoire personnelle, et qui tombe à point nommé pour les fêtes, se garde comme la peste du misérabilisme.

Outre qu'il offre à offre à Laetitia Casta son premier grand rôle de la maturité et à Mathieu Amalric un personnage plein de fantaisie qui le change des rôles d'intellos abscons, Pascal Thomas flirte avec l'utopie, imaginant un monde où la générosité est la valeur absolue. Quitte à traiter par-dessus la jambe la réalité et la loi.

Sorte de Mère Courage au grand coeur, Francesca (Laetitia Casta) et Martin, son compagnon (Mathieu Amalric), sont le type même des bourgeois bohème (bobos) qui vivent au jour le jour et nettement au dessus de leurs moyens. Ils habitent l'arrondissement le plus chic de la capitale, le VIIe, dans un appartement de 350 mètres carrés pour lequel ils paient un loyer modique, bloqué depuis la loi de 1948.

En fait, c'est la grand-mère de Francesca qui le leur sous-loue, ce qui n'a pas échappé à la propriétaire, laquelle n'a de cesse de les traîner en justice pour leur faire payer le prix de location au niveau du marché. Infatigable, Francesca se débat comme une diablesse contre proprios et huissiers. Son compagnon, qui est le portrait de Pascal Thomas, n'a cure de ces basses réalités et ne s'occupe que de cinéma. Lors d'un festival qu'il anime à Florence, il tombe dans les griffes d'une volcanique italienne qui le poursuit de sa voracité jusqu'à Paris.

Dans l'appartement parisien niche toute une tribu pittoresque et bon enfant. Une vieille tatie qui perd la boule, la soeur cadette de Francesca toujours affublée de deux copines, une belle-soeur un peu foldingue et un ami pique-assiette, Adrien, cinéaste à la manque qui joue l'incruste et qui n'a plus tourné depuis des lustres (Pierre Arditi). Amateur de bonne chère, celui-ci enchaîne les liaisons avec les marchandes à grosse poitrine du quartier. Et se décide finalement à se lancer dans le tournage d'un nouveau film qui a pour décor... le grand appartement.

Lorsque l'huissier déboule, on imagine la cascade de gags qui en découle. Resteront-resteront pas dans l'appartement? La question plane tout au long du film. Mais l'on ne doute pas un instant que le happy end sera au bout du vaudeville.

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