Sony met à l'écart le "père de la PlayStation"

Ken Kutaragi quitte la direction opérationnelle de la division jeux du géant de l'électronique. Cette mise à l'écart, imputée par les observateurs aux retards de la PS3, pourrait augurer un remaniement plus important à la tête de Sony.

C'est ce que l'on appelle une mise à l'écart progressive, à la japonaise. Le géant de l'électronique a annoncé jeudi matin que Ken Kutaragi, surnommé le "père de la PlayStation", n'exercerait plus ses fonctions de directeur exécutif de la division jeux vidéo du groupe. Il est immédiatement remplacé dans ses fonctions opérationnelles par Kazuo Hirai, qui dirigeait jusque là la division jeux aux Etats-Unis.

Certes, Ken Kutaragi, âgé de 58 ans, ne quitte pas les murs de Sony. Officiellement, il reste PDG et continuera à ce titre à superviser l'activité jeux en attendant qu'un remplaçant lui soit trouvé. Il est par ailleurs "promu" président du conseil d'administration de Sony Computer Entertainment, la filiale jeux du groupe.

Mais le fait qu'il "n'aura plus la responsabilité des opérations au jour le jour", selon une porte-parole du groupe, Nanako Kato, est bien une mise à l'écart sachant que "M. Hirai sera éventuellement formé pour prendre le rôle de M. Kutaragi mais c'est encore trop tôt pour cela". Rien n'est moins sûr en effet, certains observateurs voyant plus en sa promotion un intérim.

Quoiqu'il en soit, cette nomination sonne bien comme une sanction pour Ken Kutaragi. Selon plusieurs observateurs, celui-ci paie là plusieurs manquements concernant, la PS3, dont il est l'artisan et sur laquelle Sony joue son va-tout. Son objectif était d'en faire un vrai "centre de loisirs" et non plus une simple console de jeux. Or, explique un analyste spécialiste des nouvelles technologies, "cette obsession à vouloir équiper la PS3 d'un lecteur Blu-ray, qui vaut à lui seul de 100 à 300 dollars, est risqué et coûte cher".

Des doutes sur la rentabilité de la PS3, qui a déjà coûté une fortune en développement, se font jour. Le Blu-ray a aussi été à l'origine des retards de lancement, Sony manquant de diodes à laser bleu. La PS3 devait initialement sortir en mars 2006... elle a été commercialisée en novembre aux Etats-Unis et au Japon et ne le sera qu'en mars 2007 en Europe.

"Or, ajoute l'analyste, de tels retards peuvent être fatals à une époque où les évolutions technologiques sont de plus en plus rapides." Et les concurrents de plus en plus agressifs, à commencer par Microsoft et Nintendo. Ce dernier a écoulé 600.000 Wii aux Etats-Unis depuis son lancement le 19 novembre contre 400.000 pour la PS3 depuis le 17 novembre, faute d'approvisionnements suffisants en composants. Autant de raisons qui ont coûté son poste à Ken Kutaragi.

A plus long terme, d'aucuns donnent peu cher de son avenir au sein du groupe. Réputé pour ne pas être un homme de consensus, il a longtemps intrigué pour prendre le pouvoir à Noboyuki Idei, le prédécesseur à la tête du groupe de Howard Stringer. Il avait d'ailleurs été exclu du conseil d'administration de Sony lors du remaniement de 2005 et remplacé à la tête de la division produits électroniques du groupe.

Son éviction programmée pourrait aussi augurer un nouveau remaniement au printemps prochain, à l'occasion du changement d'année fiscale du groupe. C'est en substance ce que peut laisser penser les propos de Nanako Kato, quand elle explique que la nomination de Kazuo Harai, 45 ans, "vise à former la prochaine génération du management". D'autant plus qu'Idei, toujours très influent (il est resté président consultatif du conseil d'administration du groupe) a récemment déclaré que le prochain PDG de Sony devra être de la jeune génération, âgée d'environ 45 ans, et de préférence japonais... De quoi inquiéter Howard stringer.

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