Volkswagen ne produira plus la Golf à Bruxelles

Les syndicats craignent 4.000 suppressions de postes sur un effectif total de 4.900. Pour protester, les salariés se sont lancés depuis vendredi dans un vaste mouvement d'action, empêchant les chaînes de production de tourner

Mauvaise nouvelle pour Bruxelles. La décision que tous les salariés de l'usine Volkswagen de la capitale belge redoutaient depuis quelque temps est finalement tombée. La production de la Golf va y être suspendue pour être concentrée sur les deux sites allemands de Wolfsburg et Mosel. "Le marché européen est saturé et les surcapacités sont un problème. Les usines d'Europe de l'Ouest de Volkswagen ne tournent pas au maximum de leurs capacités malgré une hausse des parts de marché" a justifié le groupe pour expliquer sa décision, ajoutant que les marchés en croissance étaient surtout la Russie, l'Inde et la Chine. Des marchés sur lesquels les constructeurs doivent toutefois produire pour avoir une chance de s'y implanter.

Volkswagen s'est bien gardé toutefois d'indiquer quelles seraient les conséquences de cette décision pour Bruxelles, qui reste traumatisé depuis que Renault en 1997 a mis la clé sous la porte de son usine de Vilvorde. En 2006, près de 193.000 exemplaires du modèle vedette de Volkswagen devraient sortir des chaînes de montage de Bruxelles et seulement 11.000 Polo. La filiale recevra t-elle en compensation un autre modèle?

"Nous tenons au site de Bruxelles" a assuré le groupe dans un communiqué. Et d'en appeler aux syndicats et salariés à un soutien constructif, compte tenu de la situation difficile. Aucun détail supplémentaire toutefois n'a été donné. Mais personne n'est dupe. L'opération va entraîner un grand nombre de suppression d'emplois. Jusqu'à 4.000 sur un total de 4.900 (à fin juin), craignent les syndicats. Pour protester, les salariés se sont lancés depuis vendredi dans un vaste mouvement de d'action, empêchant les chaînes de production de tourner. Les hommes politiques également montent au créneau pour éviter le pire.

Mais Volkswagen, après avoir longtemps hésité à prendre la décision, n'a pas le choix. 20.000 suppressions d'emplois sont déjà prévues dans six unités allemandes, suite à la restructuration globale de l'organisation de sa production. Les autres sites européens du premier constructeur européen, Pamplona en Espagne et Palmela ne seront pas épargnés non plus. Selon les analystes, l'arrêt de la production de la Golf à Bruxelles devrait coûter au groupe quelque 300 millions d'euros.


Arrestation de l'ancien président du comité d'entreprise de Volkswagen
L'ancien président du comité d'entreprise de Volkswagen, Klaus Volkert, a été arrêté dans le cadre de la vaste affaire de corruption qui a ébranlé l'an dernier le groupe automobile allemand. Il est soupçonné d'avoir touché 1,9 million d'euros de pots de vin de la direction des ressources humaines, qui désirait s'assurer la paix sociale dans l'entreprise. Mais on lui reproche également d'avoir aidé un dirigeant du service, Hans-Joachim Gebauer, à monter un réseau de sociétés écran pour décrocher de gros contrats avec Volkswagen, à l'insu du constructeur. "La décision de lancer un mandat d'arrêt est justifiée par le fait que selon les propos de Hans-Joachim Gebauer, Klaus Volkert aurait tenté de l'influencer le 1er novembre lors d'une rencontre à Magdeburg pour qu'il modifie ou relativise ses précédentes déclarations, avec pour objectif de rester impuni ou de réduire sa peine", ont justifié les services du procureur dans un communiqué. En échange, il aurait proposé de lui procurer gratuitement les services d'un avocat. "Le risque existe que Klaus Volkert, Hans-Joachim Gebauer ou d'autres parties prenantes fassent de faux témoignages pour empêcher à tout prix la vérité. Les services du procureur de Brunswick devaient prévenir ce danger avec tous les moyens prévus par la loi. C'est ce qu'ils ont fait", conclut le communiqué.
Hans-Joachim Gebauer, qui faisait le lien entre les représentants des salariés et le service du personnel, est une personne clé dans le scandale qui éclabousse Volkswagen depuis près de dix-huit mois. La semaine dernière, le parquet de Brunswick avait annoncé avoir mis en accusation pour "abus de confiance" Peter Hartz, l'ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen. Sa responsabilité est engagé dans 44 cas concrets, dont 23 ont donné lieu au versement de primes injustifiées à des représentants du comité d'entreprise, dont surtout Klaus Volkert. Le parquet a constaté également qu'il aurait approuvé le versement de 400.000 euros en liquide entre 2000 et 2004 à la maîtresse brésilienne de Klaus Volkert alors que le contrat signé entre les deux parties pour justifier cette rémunération n'a donné lieu à aucune prestation.

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